"Io Capitano", de Matteo Garrone, raconte l'histoire d'une jeune migrant installé à Liège
« Io Capitano », le nouveau film de Matteo Garrone, est fortement inspiré par l’histoire d’Amara Fofana, un jeune guinéen qui vit à Liège depuis quelques années.
Le réalisateur italien, qui s’est fait connaître avec son film « Gomorra » sur la mafia napolitaine, voulait travailler depuis une quinzaine d’années sur la thématique de la migration. C’est en rencontrant Fofana, en Italie, qu’il a déterminé l’angle que prendrait son film.
En 2014, âgé de 16 ans à peine, Amara Fofana arrivait en Sicile aux commandes d’un bateau transportant des dizaines d’autres migrants. Faute d’avenir chez lui, le jeune homme décide de quitter son pays pour tenter de gagner l’Europe afin d’y travailler et d’y réaliser ses rêves. Il ne s’attendait pas à tant d’épreuves sur le parcours.
Matteo Garrone a recueilli de nombreux autres témoignages de migrants pour relater ce périple et le faire vivre aux spectateurs occidentaux. Les personnages de fiction traversent les épreuves que rencontrent bon nombre de migrants. Ici, les raisons de la migration sont économiques. Amara Fofana ne comprend pas pourquoi l’accès à l’Europe lui est refusé alors que les Européens peuvent sans problème voyager.
Durant son périple, le jeune guinéen a été volé, escroqué, battu, torturé, réduit en esclavage. Des trafiquants d’êtres humains lui imposeront de diriger le bateau sur lequel il pourra effectuer la traversée de la Méditerranée. En arrivant en Sicile, pour cela, il sera emprisonné durant quelques mois.
Une fois libéré, il reprendra des études en Italie avant de venir en Belgique en 2019. Aujourd’hui il travaille en CDI à Liège, paie ses impôts comme tout citoyen et, surtout, il espère pouvoir un jour régulariser sa situation.
Le film, co-produit par la maison de production liégeoise Tarentula, a été primé à la Mostra de Venise. Matteo Garonne a reçu le Lion d’argent du meilleur réalisateur et Seydou Sarr, l’un des jeunes interprètes, a reçu le prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir.
F. Bonivert