L'été de nos rivières: la cascade de Coo n'est plus un obstacle pour les poissons
La cascade de Coo n’est désormais plus un obstacle pour les poissons. Cet obstacle naturel vient récemment d’être levé pour les espèces qui tentaient d’effectuer leur migration. Une passe à poissons a en effet été installée récemment par Engie, mais la remontée se fait en deux temps. Le projet est suivi par les scientifiques de l’Uliège.
Engie qui exploite la centrale hydraulique de Coo a financé l’installation d’une passe à poissons opérationnelle depuis le début de cette année. Cela va ouvrir de nouvelles perspectives aux espèces en migration qui étaient jusqu’alors bloquées par la cascade.
« La cascade de Coo est le résultat d'un recoupement de méandre. En 1483, les moines de l'Abbaye de Stavelot ont aménagé la "petite cascade" qui s'était créée. Cela créa une chute d'eau permettant d'alimenter un moulin. Mais il y avait toujours de l'eau dans le méandre permettant aux poissons de remonter la rivière.
Plus tard, ces mêmes moines ont creusé la "grande cascade" pour dévier une partie plus importante d'eau et ainsi éviter les inondations du village. Mais la circulation des poissons était toujours possible par le méandre.
Ce n'est qu'au moment de la construction de la centrale hydroélectrique et la création du lac inférieur de Coo dans l'ancien méandre, par Engie-Electrabel, que la circulation des poissons est devenue impossible. 2 digues ont été construites pour fermer le méandre et en faire une retenue d'eau. Les travaux de construction doivent se situer entre 1968 et 1972», explique Christine Heinesch, coordinatrice du Contrat Rivière Amblève.
« L'eau de l'Amblève passant alors entièrement par la cascade, celle-ci est devenue un obstacle majeur à la migration des poissons. Il y a maintenant de cela une 50aine d'années. »
La passe à poissons est relevée 2 à 3 fois par semaine. Une opération supervisée par les experts scientifiques de l’Uliège en collaboration avec les pêcheurs. L’objectif est de déterminer quelles sont les espèces qui effectuent la remontée avant de leur favoriser le passage en amont.
« Le principe de la cage de capture est de laisser rentrer les poissons sans que ceux-ci puissent en ressortir. Nous, ici, nous les anesthésions pour pouvoir les manipuler, les peser, les mesurer et les identifier par une puce, selon les espèces que nous recueillons », explique le professeur Michaël Ovidio de l’Unité de gestion des ressources aquatiques de l’Uliège.
Cette étude est financée par la Région wallonne et s’étend sur deux ans. Tous les poissons sont répertoriés. Certaines espèces sont également marquées pour permettre un suivi de leur circulation. « Aujourd’hui, nous avons capturé 4 barbeaux et une dizaine de vairons. Tous les poissons qui arrivent ici seront emmenés en amont de la cascade », assure Jean-Philippe Benitez, chercheur à l’Uliège.
La passe à poissons de Coo ne permet cependant pas le transfert direct vers l’amont de la cascade. Ils sont emmenés en voiture avant d’être relâchés. Ce sont les sociétés de pêche qui auront cette responsabilité une fois l’étude terminée.
« Cela permet de rétablir une libre circulation des poissons », constate Jean-Marc Schinckus, le président de la Fédération halieutique et piscicole de l’Amblève. « Tant que le transfert n’est pas automatique, nous continuerons à effectuer nous-mêmes les transports vers l’amont de la rivière. Pour le moment, nous sommes en formation avec les scientifiques de l’ULiège qui nous expliquent comment reconnaître et manipuler les différentes espèces. »
Cela faisait de longues années que ces échanges écologiques n’étaient plus possibles. De nouvelles perspectives de voyage se profilent donc pour les barbeaux et les vairons relâchés aujourd’hui. Un programme à suivre assurément.
Sophie Driesen
https://corporate.engie.be/fr/energy/hydraulique/centrale-daccumulation-par-pompage-de-coo
http://labos.ulg.ac.be/etho/ovidio/