Le centre de cette coupe en argent repoussé et ciselé, présente un motif de chapeau épiscopal à large bord accompagné d’une cordelière rehaussée de houppes. Ce motif renvoie aux armoiries de son premier propriétaire : le prince-évêque Robert de Berghes. Cette coupe est le plus ancien exemple connu d’orfèvrerie civile de la Renaissance pour Liège.Ce dernier offre cette coupe à l’échevin François d’Heure, dont le surnom « Oranus » a laissé son nom à cet incroyable pièce d’orfèvrerie. Il la reçoit en remerciement de son dévouement en tant que conseiller privé du prince-évêque. Oranus la cédera ensuite à l’époux de sa fille Jeanne.Si cette coupe, inspirée des modèles « tazza » (tasse) des orfèvres italiens, porte le poinçon d’orfèvre « HG » ou « GH », ce dernier n’est pas encore aujourd’hui identifié. Par contre, le poinçon-date « L » suggère que cette coupe aurait probablement été réalisée vers 1564.Parmi les nombreux motifs de guirlandes, de fleurs, de rinceaux et de feuillages s’entrelacent, 12 deniers impériaux antiques en argent datant des règnes de Domitien (81-96) à Antonin le Pieux (138-161) sont enchâssés.Parmi ces pièces, on reconnait les effigies de l’empereur Trajan et Hadrien. Cette sélection de 12 pièces semble avoir fait l’objet d’un choix réfléchi parmi les collections qui se formaient chez les érudits et humanistes de cette époque.L‘humanisme est un courant intellectuel et artistique, né en Italie au 14e siècle, qui reconnaît l’Homme comme un individu ayant des capacités intellectuelles illimitées et une existence indépendante de la bonté divine. Une des idées directrices de l’humanisme est la volonté de faire renaître le monde antique et d’en égaler la grandeur.La coupe a été offerte à Oranus à une période où les collections de monnaies se multiplient au Nord des Alpes et donnent naissance à la science numismatique, c’est-à-dire l’étude des pièces de monnaies.Hubert Goltzius, peintre, graveur et médailleur originaire des Provinces-Unies, relate d’ailleurs dans son ouvrage les visites de collections qu’il effectue chez tous les grands humanistes et collectionneurs liégeois tels que Lambert Lombard ou encore Liévin Torrentius.