Préserver l'emploi à Liège, une des priorités de Mithra selon le co-fondateur
Face à la situation financière "désastreuse" de la biotech liégeoise Mithra, un plan d'actions extrêmement strict va être mis en œuvre, a indiqué mardi à Belga Jean-Michel Foidart, co-fondateur et président du conseil d'administration de Mithra. "On veut à tout prix éviter un bain de sang social et il nous apparait indispensable de préserver l'emploi et la pérennité de l'activité 'recherche et développement' en région liégeoise", a-t-il souligné.
La société spécialisée dans la santé féminine a annoncé mardi le remaniement de sa direction et le début d'un processus de monétisation de ses actifs. La casquette de CEO sera désormais assurée par deux personnes chevronnées, à savoir le directeur financier et le chef des opérations. L'ancien directeur général, David Horn Solomon, a pour sa part été remercié avec effet immédiat.
Acculée par les dettes et en manque de liquidités, la société liégeoise cotée en Bourse a récemment obtenu deux prêts pour un peu plus de 18 millions d'euros en vue d'assainir ses finances "désastreuses". "On ne peut continuer à maintenir une activité absolument déficitaire. Jamais personne ne sera intéressé de reprendre l'activité dans un cortège où il y a des millions de dettes", analyse, clairvoyant, le professeur Jean-Michel Foidart, qui préside le conseil d'administration de la biotech wallonne.
"Ce qu'il importe actuellement, c'est d'exécuter et mettre en oeuvre un plan pour lequel on a besoin d'une expertise financière et organisationnelle" dont bénéficient les nouveaux dirigeants, a poursuivi M. Foidart.
Mise en vente de l'usine et de certains actifs de la société
Concrètement, ce plan d'apurement passe par la mise en vente de l'usine du groupe pharmaceutique, le CDMO, située à Flémalle. "Cette unité de production coûte une fortune. Son déficit annuel avoisine les 30 à 35 millions d'euros par an", souligne-t-il. "Nous sommes actuellement en étroite collaboration avec deux repreneurs potentiels."
Le plan d'actions comprend par ailleurs la vente des licences du Donesta, un traitement hormonal pour soulager des effets néfastes de la ménopause. "Il faut ramener du cash et ces licences devraient apporter des sommes très importantes", avance celui qui est diplômé en gynécologie de l'Université de Liège.
Enfin, certains actifs de la société seront également vendus si nécessaire "afin d'assurer la pérennité de la société".
Le président du conseil d'administration a reconnu qu'il s'agissait de mesures "difficiles à prendre" et a dit comprendre l'inquiétude du personnel. "Nous n'excluons pas une mise partielle du personnel en chômage économique", a-t-il d'ailleurs prévenu. Toutefois, il assure que ces mesures drastiques seront exécutées sans perdre de vue "deux objectifs essentiels", à savoir, en priorité, le maintien de l'activité économique et du pôle 'recherche et développement' en région liégeoise. "L'intérêt des actionnaires ne doit pas être négligé non plus", a complété le co-fondateur de Mithra.
"Je pense qu'il est judicieux de répondre à la requête des syndicats d'avoir une assemblée générale où l'ensemble du personnel doit être informé par les nouveaux CEO", a-t-il conclu.
Belga & P.J.