Saint Lambert autopsié 1 300 ans après son décès
Ce lundi, le coffre reliquaire qui contient des os de Saint Lambert a été ouvert dans le cloître de la Cathédrale Saint-Paul de Liège. Un événement majeur pour les chrétiens, mais pour les historiens et pour la communauté scientifique qui s'apprête à effectuer l'autopsie du Saint Patron de Liège, connu pour avoir largement favorisé le développement de notre ville.
Année de sa mort, cause du décès, Saint Lambert a encore bien des secrets à nous dévoiler. Pour cette raison, le directeur de l'institut médico-légal de l'ULiège a été appelé afin de réaliser l'autopsie de ces quelques os. Le coffre reliquaire qui contient les os de Saint Lambert a donc été ouvert ce lundi. "C'est très émouvant, surtout quand vous vous rendez compte de l'effet produit par ces ossements dans l'histoire. C’est grâce à ces ossements que la ville de Liège existe. S'il n'y avait pas eu l'assassinat de Saint Lambert dans sa villa de Liège et s'il n'y avait pas eu le rapatriement du corps de Maastricht à Liège, Liège n'existerait pas. Liège est devenue une ville parce qu'on est venu en pèlerinage au corps et aux os de Saint Lambert, considérés comme des reliques et comme des sources de guérison. Et donc, en ce sens-là, c'est vraiment les origines de la ville de Liège qui apparaissent", explique Monseigneur Delville, l'évêque de Liège qui a lui même une formation d'historien.
Son âge, sa taille, son poids, mais aussi la véritable cause de sa mort !
À l'ouverture de ce coffre reliquaire, des ossements de plus de 1 300 ans apparaissent. Tibia, Perroné, tous préservés de l’atmosphère ambiantes dans des bocaux et enroulés dans de la soie rouge pour favoriser leur conservation. "On trouve encore des fragments relativement complets et on sait encore identifier de quelle partie du corps ils viennent. C'est pas mal du tout ! Scientifiquement parlant, mon intérêt est d'amener, via mes connaissances scientifiques, via la science d’aujourd'hui, des certitudes, par rapport à ce squelette. Quelles seront-elles ? On va bien voir, mais je vais tenter d'amener quelque chose à travers un regard qui n'a jamais été fait sur ces os, de la part de quelqu'un qui sait les analyser", détaille le médecin légiste Philippe Boxho.
La dernière ouverture du coffre a eu lieu en 1985. Certains bocaux n’ont quant à eux pas été ouverts depuis 1895. Depuis, les connaissances en matière d’analyse d’ossements ont fortement évolué. De nombreuses informations supplémentaires sur le fondateur de Liège devraient donc être obtenues durant son autopsie." S'il y a des os longs, suffisamment intacts, cela va me permettre d'établir la taille et le poids. C'est déjà pas mal. Ensuite, ce que j'espère avoir aussi peut-être c’est un os du bassin, plus précisément une symphyse pubienne pour tenter de déterminer son âge. Et puis enfin, ça c'est le sommet, c'est tenter de trouver le coup qui a été porté au crâne et qui serait, selon ce que l'histoire nous en dit, la cause du décès de Saint Lambert", conclut-il.
Pour confirmer ce dernier élément, Philippe Boxho devra analyser le chef reliquaire, qui est en fait le haut du crâne de Saint Lambert. Encore faut-il espérer que le présumé coup de lance n’ait pas été donné à un autre endroit du crâne conservé dans une autre chasse. Ces informations pourront être obtenues dans quelques jours. (P.J.)