L'émotion 10 ans après la tuerie de la place Saint-Lambert
La tuerie de la place Saint-Lambert, c’était il y a dix ans. Ce midi, il y avait une cérémonie d’hommage. Les parents, familles des victimes et autres témoins du drame étaient sur place. Un dixième anniversaire rempli d’émotions, c’est une date qui ne s’oubliera pas.
12h30, c’est l’heure à laquelle le temps s’est arrêté sur la place Saint-Lambert le 13 décembre 2011. Aujourd’hui, à cette heure-là, des germes de fleurs sont déposées sur un air de musique. Suivent la Brabançonne et puis le silence.
Dix ans plus tard, l’émotion est toujours aussi grande. « Rien n’a changé. Justement, je trouve qu’après dix ans, c’est plus difficile parce que j’ai vécu ce drame quand j’étais jeune. Grandir avec cela, c’est très très dur », confie Dora Belhadj, la sœur de Mehdi-Nathan, avec beaucoup d’émotions. « Ce qui s’est passé, c’est comme si c’était hier. On fait le point de tout ce qu’on a vécu et on se rend compte que le temps n’améliore pas les choses, donc on adapte notre vie à ce manque », ajoute Thierry Kremer, papa de Laurent. Enfin, Théo, le cousin de Laurent, raconte qu’il vient chaque année mettre des fleurs et qu’il passe sa main sur le prénom de son cousin pour se donner du courage.
Ils sont nombreux à être venus se recueillir pour la dixième fois devant la stèle commémorative. Cet anniversaire, c’est une date très importante. « Pour moi, jusqu’au dernier jour de ma vie, je viendrai ici le 13. C’est très important pour ne pas les oublier et qu’on se rende vraiment compte de ce qu’il s’est passé ce jour-là », ajoute Dora Belhadj. « Ce qui me pousse à venir ici à chaque fois, c’est de commémorer et de penser à mon frère. Je n’en ai pas réellement besoin, car il ne se passe pas un jour sans que je pense à lui, mais cela permet de demander aux gens de ne pas oublier », confie Fanny Gérouville.
Ce 13 décembre 2011, à Liège, les choses ont changé. Une telle commémoration permet d’apporter du réconfort et de la sérénité. « C’est une ville ardente qui a spontanément beaucoup de sympathie et de résilience. On n’oublie pas. Vous vouez que le souvenir ici est encore vivace. Les familles sont là et sont chères au cœur des Liégeoise(s) », explique Willy De Meyer, bourgmestre de Liège.
Certains sont parvenus à faire leur deuil, d’autres pas. La colère et la rancœur habitent encore quelques esprits. Plusieurs victimes et familles de victimes ont mis en cause la responsabilité de l’Etat belge et l’ont donc assigné en justice. Ils estiment que Nordine Amrani n’aurait jamais dû être libéré. Dix ans après, le procès n’est toujours pas terminé. « De ce procès, on attend qu’on reconnaisse les dysfonctionnements et les erreurs qu’il y a eu pendant la détention de cet individu. On se pose toujours la question de savoir ce qu’il pouvait faire ici avec un tel arsenal et puis ce geste que personne ne pouvait imaginer. Après, c’est trop facile d’imaginer que c’était la faute à pas de chance. Ça, nous ne pouvons pas l’accepter », confie Thierry Kremer sur le procès. « On ne va pas pouvoir trouver un coupable, c’est-à-dire de dire que c’est une personne qui a mal fait son travail et pointer du doigt. Mais, moi, j’ai vraiment besoin que l’Etat belge reconnaisse ses torts. Le problème, c’est qu’on peut tant gagner que perdre, cela ne changera rien. Je ne récupèrerai pas mon frère. Je veux juste que cela n’arrive plus jamais », conclut Fanny Gérouville émue.
Quant au papa de Mehdi Nathan, Mohamed Belhadj, il espère « que la justice ouvrira les yeux sur un système défaillant ». Il dit avoir confiance. C’est le cas également de Maître Wilmots, avocat de plusieurs familles et victimes. « A l’issue des débats, nous attendons une date de jugement favorable aux victimes. C’est plutôt en bonne voie, car la cour constitutionnelle confirme que dans le cas qui les occupe, la responsabilité de l’Etat belge peut être mis en cause. Le rôle du tribunal sera donc de dire si l’octroi de la liberté conditionnelle, le suivi cette libération et enfin les mesures qui n’ont pas été prises pendant cette libération, peuvent être reprochés à l’Etat », explique Maître Wilmots. Tous espèrent enfin tourner la page. Tous leurs espoirs se tournent désormais vers le 15 février 2022, date fixée par le tribunal civil de Liège pour l'audience consacrée aux plaidoiries.
O.G.