Il y a 80 ans, Lucien Pleinevaux était libéré du fort de Huy
Plongeon dans le passé au fort de Huy, avec Jacques Pleinevaux. le 30 avril 1944, son père, Lucien, était arrêté et incarcéré aux côtés de milliers d'autres prisonniers. Un pan de l'histoire hutoise dans les entrailles de cette forteresse.
30 avril 2024. Une date qui fait sens pour Jacques Pleinevaux. Il y a 80 ans, son père Lucien, était arrêté pour être incarcéré au fort. Une histoire similaire à celle de plus de 7000 autres prisonniers belges et étrangers, qui ont transité par les murs de cet imposant édifice entre mai 1940 et le 5 septembre 1944. "Ils ont embarqué mon père et l'ont emmené ici à la Kommandantur. Ils lui ont confisqué sa carte d'identité et puis l'ont emmené au fort comme prisonnier pour le travail obligatoire en Allemagne. Arrêté parce que “zonder arbeidskaart” pas de carte de travail."
Raconter cette histoire, c'est une forme d'hommage à son père. Un plongeon dans le passé, en sillonnant les couloirs sombres et humides du fort. Cachots sinistres, chambres de détention, salles d'interrogatoire de la Gestapo, sanitaires rudimentaires, rien n'a changé. Autant d'éléments qui, d'entrée de jeu, donnent le ton. On sent ici l'odeur de la guerre et de la souffrance. "Je crois que son lit était plutôt contre ce mur là. Ils étaient assez nombreux et couchés par terre sur de petits matelas en paille. Et ils n'étaient pas très bien considérés. Tout le temps inquiets qu'on vienne les appeler pour les embarquer vers la gare pour les conduire en Allemagne."
Si Lucien Pleinevaux a eu la chance d'être libéré quelques jours seulement après son incarcération, tous n'ont pas eu cette chance. Albert, René, Ferdinand, André,... des prénoms, des visages parfois, et des histoires émouvantes, émaillées de photos et de lettres qui racontent la seconde Guerre mondiale. "On avait principalement ici des otages, explique Bernadette Latinne, conservatrice des musées et du fort. C'étaient des personnes qui étaient arrêtées pour des raisons administratives, judiciaires et aussi suite à des attentats, par exemple, commis par des résistants. Et puis, tout au début de la guerre, énormément de prisonniers français."
Et si aujourd'hui le fort est devenu un lieu de mémoire pour Jacques Pleinevaux, il reste encore du chemin à parcourir pour faire perdurer le souvenir de ces résistants, de ces inconnus aux yeux des jeunes générations. "Ce qui est important, ce n'est pas seulement l'histoire de mon père. Certains sont partis pour le travail obligatoire, mais d'autres ont été torturés, comme René Alain par exemple, ou y sont décédés. Il ne faut pas qu'on oublie."
Témoignage intact de l'univers concentrationnaire nazi, l'histoire du fort sera remise au goût du jour cette année, pour commémorer le 80ᵉ anniversaire de sa Libération. L'occasion de rencontrer ces passeurs de mémoire tel que Jacques Pleinevaux et d'ensuite le devenir à votre tour. Pour toujours se souvenir.
Caroline Viatour.