Le Trocadéro se joint à l'attaque du gouvernement en justice
Depuis l'annonce de la fermeture d'une partie du secteur culturel, de nombreuses voix s'élèvent. Après les Grignoux et certains centres culturels, c'est notamment le Trocadéro qui refuse la fermeture. Ce théâtre bien connu des Liégeois s'est même joint à 2 actions en justice pour lever les mesures qui les obligent à fermer leurs portes.
"L’An Foiré", c’est le spectacle qui doit être joué au Trocadéro le 31 décembre. Le théâtre liégeois a décidé de maintenir cette représentation, malgré l’obligation de fermeture d’une partie du secteur culturel. "On a décidé de réouvrir avec un quart de notre capacité maximale. On a ressenti le devoir de le faire par respect pour notre public et pour les artistes", indique Michel Depas, le directeur du théâtre du Trocadéro.
Dans un premier temps, le théâtre centenaire a bien cru qu’il devrait fermer définitivement lors de l’annonce du comité de concertation. "Cela fait 3 fois que nous devons fermer. Comme théâtre privé, on se retrouve sans aucune ressource financière. Les mois les plus actifs sont octobre, novembre, décembre, janvier et on nous ferme à chaque fois durant ces périodes. Nous sommes vraiment dans une impasse", détaille le directeur.
Faire valoir ses droits en justice
Ce théâtre privé ne reçoit pas de subsides publics. L'année passée la ville de Liège leur a accordé une aide pour qu'ils tiennent le coup, mais les frais de fonctionnement sont trop importants que pour se permettre une nouvelle fermeture. Après avoir constaté le mouvement de protestation à Liège, l’équipe a pris la décision d’y prendre part. "On s'attend à des contrôles, mais je ne suis pas certain qu'il y aura une suite puisque nous avons décidé de nous associer à deux actions en justice. Elles pourraient même aboutir avant la fin de cette semaine. Nous voulons faire valoir nos droits et leur rappeler que ces fermetures ne sont pas anodines", soutien Michel Depas. Le Trocadéro s’est associé à plusieurs fédérations et théâtres pour mener cette action en justice.
Le but serait de forcer le retrait ou la modification des arrêtés royaux qui demandent leur fermeture. C'est la ministre de l'Intérieur, Annelies Verlinden, qui est citée à comparaître devant le Tribunal de première instance. Le secteur culturel invoque notamment une étude de l’institut de santé publique Sciensano pour faire valoir ses droits. Celle-ci rapporte que la culture ne figure pas dans la liste des lieux où se développent généralement le plus de clusters.
En attendant, le Trocadéro assumera les conséquences de son choix par respect pour son public et ses artistes. "Le Trocadéro, c'est une grande famille. On a tous été extrêmement heureux lorsque Michel nous a appelés pour annoncer qu'on pouvait être sur les planches le 31. Ça devient difficile de tenir le coup pour beaucoup d'artistes. C'est extraordinaire que certaines salles nous soutiennent", se réjouit Manon Nuyens, la chanteuse de "L’An Foiré". L’équipe a donc repris les préparatifs pour le jour de l’an. La grise mine de ces derniers jours est devenue plus radieuse. (P.J.)