Les actions de Liège contre la traite d'êtres humains
Après Bruges puis Bruxelles, c'est à Liège qu'a été lancée ce lundi la campagne 2023 "Blue Heart" contre la traite des êtres humains, en collaboration avec les trois centres spécialisés d'aide aux victimes (PAG-ASA, Payoke et Sürya) et en prélude à la journée mondiale de la lutte contre la traite des êtres humains du 30 juillet. Intitulée "Chaque victime de traite des êtres humains compte, ne laisser personne de côté", cette campagne vise cette année à sensibiliser aux évolutions inquiétantes identifiées dans le rapport mondial sur la traite des personnes 2022 des Nations unies.
"On estime à plus de 11.000 le nombre de personnes victimes de traite des êtres humains dans notre pays"
Au site Internet mis à disposition l'an dernier vient s'ajouter une ligne téléphonique (078/055.800) destinée aux victimes de la traite des êtres humains. "On estime à plus de 11.000 le nombre de personnes victimes de traite des êtres humains dans notre pays. Beaucoup de victimes ne se rendent pas compte qu'elles sont exploitées parce qu'elles ne connaissent pas leurs droits, ni les aides disponibles. Aussi, après le site Internet désormais actif dans 24 langues, nous mettons aujourd'hui à disposition un nouveau numéro de téléphone unique pour la ligne belge d'assistance aux victimes de la traite, disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Ainsi, nous baissons la barrière à franchir pour dénoncer les faits, déposer plainte et se rendre dans un centre d'aide", précise le ministre Van Quickenborne.
Un plan d'action contre les marchands de sommeil
À Liège, avec son bâti dense comportant de nombreux immeubles, pour certains vétustes et divisés en petits logements, la problématique se manifeste notamment sous la forme de marchands de sommeil. Afin de lutter contre le phénomène, un plan d'action a été lancé en octobre 2022, en phase test, au départ du commissariat d'Outremeuse. À ce jour, 34 immeubles ont été contrôlés et près de 250 procès-verbaux rédigés. Sur ces 34 immeubles, neuf ont été mis en vente par le propriétaire et cinq ont été saisis. "Cela démontre que la politique porte ses fruits et permet d'assainir le bâti", relève le bourgmestre de Liège. Celui-ci précise qu'au-delà de l'immobilier, la traite des êtres humains s'exprime également à Liège à travers la prostitution, la drogue et l'économie. "En collaboration avec les lois sociales, la police locale organise régulièrement des contrôles au sein d'établissements horeca, magasins de nuit et autres. Lorsqu'il est constaté qu'une personne en séjour illégal y travaille, le suivi judiciaire est assuré et la personne est orientée pour une prise en charge", ajoute Willy Demeyer.
Une ASBL pour aider à endiguer le phénomène
L'ASBL Sürya est le partenaire liégeois de premier plan en la matière. "Les victimes ne sont pas toujours cachées mais on n'y prête pas attention et on profite même de cette exploitation sans s'en rendre compte, par exemple à travers un achat dans un night-shop ou la rénovation/construction d'un bâtiment", souligne Christian Meulders, directeur de l'ASBL Sürya. "Les mineurs d'âge constituent un phénomène en croissance, à Liège comme partout en Belgique. De plus en plus de mineurs sont exploités sexuellement, en particulier, ou économiquement. Et il s'agit de très jeunes ayant 13, 14 voire 15 ans."
(Belga avec P.J.)