L'expertise liégeoise pour remettre des produits de l'Amazone sur le devant de la scène
Le Smart Gastronomy Lab, centre d'innovation culinaire de l'Université de Liège, a mis sur pied un projet visant à trouver des solutions alimentaires au départ de produits amazoniens méconnus. Le centre s'efforcera de créer des prototypes au départ de ces produits en impliquant les populations locales.
"Nous devons repenser notre relation entre l'alimentation et la nature", expose Eric Haubruge, fondateur du Smart Gastronomy Lab. "L'innovation scientifique peut nous aider à préserver la biodiveristé tout en respectant les traditions des communautés locales et en mettant en place des structures d'économie sociale."
Concrètement, le Lab Amazonia sera une structure d'innovation nomade, passant d'une région à l'autre de l'Amazonie. Une expédition préliminaire sera organisée dans chaque zone avant d'établir des sessions co-créatives qui permettront de mettre au point des premiers prototypes à partir des matières premières. M. Haubruge a déjà pu ramener quelques produits et étudier leurs propriétés comme la plante camu-camu, le tucupi et le cupuaçu. Vendredi, il doit rencontrer à Rio un chef intéressé par le projet. "Quand ça plaît à des chefs, c'est un bon début", confie-t-il.
Jusqu'ici, l'université Para à Belem (nord) et Gastromotiva, une ONG utilisant la gastronomie comme levier de transformation sociale, ont déjà intégré le projet. Celui-ci a été présenté jeudi à Rio de Janeiro au cours d'un séminaire sur la biodiversité, organisé par l'Agence wallonne à l'exportation (Awex) qui prend part à la mission économique au Brésil. D'autres experts ont rappelé les défis auxquels est confrontée l'Amazonie, un territoire de 6,3 millions de kilomètres carrés, dont 60% se trouvent au Brésil. La déforestation de l'Amazonie a atteint 17% de sa surface totale.
Le président Lula a lancé un important plan Amazonie, promettant de mettre fin à la déforestation illégale au Brésil d'ici à 2030. L'an dernier, la surface déboisée a baissé de 50% par rapport à 2022 pour atteindre les 5.000 kilomètres carrés, un plus bas en cinq ans.
"Mais chaque perte est une perte de potentiel", avertit Ismail Nobre, directeur exécutif de l'institut Amazônia 4.0. Il plaide pour un arsenal législatif fort condamnant les pratiques de déforestation illégales. Celles-ci ne sont d'ailleurs pas la seule menace qui pèse sur la forêt, ravagée par les incendies.