Tuerie de Liège : indignation et douleur des familles après leur échec en justice
Place Saint-Lambert, les familles ont honoré la mémoire de leurs proches tombés sous les balles de Nordine Amrani en 2011. Une commémoration d’autant plus douloureuse pour les familles qu’elles viennent de perdre leur procès contre l’État belge.
C’est la colère d’un père, Fabien Gérouville, qui a perdu son fils de 16 ans, Pierre, lors de la tuerie de la place Saint-Lambert. Avec d’autres parents de victimes, il a été débouté par la justice dans son procès en appel contre l’État belge. La justice n’a reconnu aucune responsabilité de l’État dans les conditions de libération de Nordine Amrani, le tueur qui a causé la mort de six personnes et blessé des dizaines d’autres.« C’est une décision de justice, c’est la démocratie, mais je regrette cette décision. Il n’y a aucune empathie envers les familles, à mon sens, » déclare Mohamed Belhadj, le père de Nathan Belhadj.
« C’est une grande désillusion, des regrets, beaucoup de peine, de l’amertume, bien sûr mais toujours ce petit espoir que cela va peut-être bouger, que les gens prennent enfin leurs responsabilités, » ajoutent Thierry et Claudine Kremer, les parents de Laurent Kremer.
Ce vendredi, lors de la cérémonie de commémoration aux victimes, les familles ont interpellé le gouvernement via une pétition en ligne. Celle-ci réclame une réforme des procédures de libération conditionnelle et des contrôles stricts pour garantir la sécurité de la population. La pétition a déjà recueilli 10 000 signatures.« Quand quelqu’un a des conditions à respecter, il doit au moins les suivre. Ici, dans ce cas précis, rien n’a été vraiment respecté. Même si les juges affirment le contraire, je peux vous dire que c’est faux, » souligne Fabien Gérouville, le père de Pierre Gérouville.
« C’est une démarche pour sensibiliser le plus grand nombre, car tout le monde peut être confronté à cette douleur. Si ce n’est pas vous aujourd’hui, ce sera peut-être demain. C’est interpellant, et cela reste profondément inquiétant, » insistent Thierry et Claudine Kremer, les parents de Laurent Kremer.
Après treize ans de combat, les familles ne veulent pas renoncer. Elles s’interrogent toutefois, avec leurs avocats, sur la possibilité d’un pourvoi en cassation. Mais pour elles, ce drame n’est pas le fruit d’un simple coup du sort , c’est un système défaillant qui a permis à un homme lourdement armé de commettre l’irréparable.