Le Warsagien Thibaud Thomanne à la poursuite des Jeux Paralympiques de Tokyo
À Warsage, dans la commune de Dalhem, on y retrouve l'un des meilleurs para-cyclistes belges. Depuis la reprise de la compétition en mai dernier, Thibaud Thomanne a remporté une course de renom et s'est classé 5ème des derniers mondiaux de para-cyclisme sur route.
"Il y avait ma première victoire au niveau international avec le Tour des Flandres, la première version en handisport et où j'ai pu m'imposer. J'étais très content. Directement, le week-end d'après, on a enchaîné avec la Coupe du Monde à Ostende, la première Coupe du Monde en 2021 et sachant que ça faisait plus de 580 jours qu'on n'avait plus eu de compétition, j'en suis très content."
Thibaud était déjà sur une pente ascendante avant que la crise sanitaire ne sévisse. Ses premiers gros résultats remontent à 2018, 1 an seulement après ses débuts dans le handisport. "J'ai commencé dans la petite ASBL Leg's Go à faire du sport. Puis, tout doucement, j'ai commencé à faire des triathlons où là, la partie que je préférais, c'était le cyclisme. Et puis, je me suis essayé à mes premières courses handisport où étonnamment j'ai fait 3ème de Belgique, ce qui m'a donné l'opportunité d'aller en Coupe du Monde soutenu par la Ligue de Handisport Francophone où je suis parti pour mes premiers Mondiaux aux Pays-Bas. Et puis, les Coupes du Monde se sont enchaînées. Je suis parti en Italie, au Canada, ..."
UNE VOLONTÉ À TOUTES ÉPREUVES
Le parcours de ce sportif témoigne d'une volonté à toute épreuve et qui force le respect compte tenu de son grave accident survenu il y a 5 ans. "J'ai fait une chute de 5 mètres, je suis tombé directement sur le dos et ça m'a brisé deux vertèbres. J'ai été opéré directement sur le champ et on m'a mis quatre broches. J'ai été paralysé des deux jambes pendant six mois. J'ai du réapprendre à marcher à quatre pattes puis debout avec un gadot, avec des béquilles. Maintenant, ça me laisse un handicap que je vais garder à vie. J'arrive à marcher sur mes deux jambes mais par contre j'ai mes mollets paralysés, la fesse gauche paralysée, les ischios qui sont très faibles tout comme mes rotateurs de hanche ainsi que beaucoup d'autres muscles. En pédalant, ça ne fait même pas l'équivalence d'une seule jambe. Même si on a l'impression que je pédale sur deux jambes, en fait, je n'ai la force d'une seule jambe."
Thibaud n'a cependant jamais baissé les bras grâce notamment à Cap2Sports ainsi que le triathlète Luc Huberty et son ASBL Leg's Go. Le Dalhemois roule aujourd'hui sur un vélo de course traditionnel mais agrémenté de quelques adaptations. "J'ai la particularité de pédaler avec le talon. Et comme j'ai le pied gauche paralysé, j'ai une orthèse que je porte pour le vélo et même dans la vie courante. Cette prothèse-là, elle est poinçonnée aux normes de l'UCI, elle est contrôlée chaque fois avant les courses."
DES ENTRAÎNEMENTS AUSSI AVEC DES GROUPES VALIDES
Aujourd'hui coureur de Bingoal Pauwels Wallonie-Bruxelles, l'athlète s'entraîne entre 15 et 20 heures par semaine. "Ici, je suis coaché par Christophe Prémont de Wallonie-Bruxelles. Chaque semaine, il me donne des plans bien précis et des horaires à respecter. Je vais m'entraîner de temps en temps seul mais j'ai aussi la chance de pouvoir aller rouler avec des valides, des groupes comme le Dalhem Pro Cycling mais aussi les Amis du club de Warsage. C'est toujours valorisant quand on sait en dépasser un dans une côte. Ca, c'est vraiment assez sympa de pouvoir se dire que, oui on a un handicap mais on ne reste pas que de notre côté. On est ensemble, et on fait du sport tous ensemble."
LES MONDIAUX AU PORTUGAL : L'ÉTAPE IMPORTANTISSIME
Le prochain rendez-vous important pour Thibaud, ce sera les Championnats du monde de Paracyclisme à Cascais au Portugal, du 9 au 13 juin, où il peut encore se qualifier pour les Jeux Paralympiques de Tokyo. "Dans ma catégorie, il reste deux tickets pour aller aux Jeux Paralympiques. On est plus ou moins 10 athlètes à pouvoir y aller. Ce sera celui qui fera peut-être un podium qui pourra y aller. Si on ne fait pas de podium, on devra se défendre chacun devant le Comité Paralympique Belge. Si les Jeux étaient en 2020, j'aurais eu très peu de chances de pouvoir y aller. Mais j'ai progressé ici en 2021. J'ai une possibilité d'y aller. Maintenant, c'est clair que si je n'y vais pas, je ne serai pas du tout déçu car mon objectif premier c'est Paris 2024, quoi qu'il arrive."
Joachim Gilles & Alexandre Moers