Caroline Saal : "Il est temps de s'attaquer à la source du narcotrafic"
En cette année électorale, le parti Ecolo propose "l’Opération Liège Propre". Pour les Verts, le moment est opportun afin de réfléchir à une nouvelle stratégie pour lutter contre le narcotrafic à Liège et en Belgique.
Trafics de cannabis, de cocaïne ou de drogue de synthèse sont en augmentation ces dernières années en Province de Liège. La tendance est la même au niveau national. Pour Ecolo, il est temps d’adopter une politique drogues plus efficace. Lors d'une interview, Caroline Saal, conseillère communale liégeoise (cheffe du groupe Vert Ardent) et candidate 2e suppléante à la Chambre, nous a livré la vision des Verts sur la problématique du narcotrafic.
Le constat
"On voit que si le narcotrafic se développe aujourd'hui, c'est qu'il repose sur un réseau qui est très stable, c'est-à-dire qu'il se repose sur des racines que sont le blanchiment d'argent et la corruption", avance Caroline Saal. "Et pour nous, il faut vraiment attaquer cela. C'est ce que nous montre le dernier rapport d'Europol. La criminalité financière est particulièrement forte et c'est vraiment ce qui fait la force du narcotrafic aujourd'hui. Il vaut mieux lutter contre les tonnes plutôt que contre les grammes."
Le plan d'action "Opération Liège Propre"
"Opération Liège Propre, il s'agit de vraiment mettre en oeuvre un plan avec des moyens structurels pour développer la lutte contre la criminalité financière, contre le blanchiment et contre la corruption", explique l'écologiste liégeoise. "Il faut non seulement un audit de la chaîne pénale pour trouver là où il faut mettre des moyens suffisants mais également un parquet financier pour lutter efficacement contre la corruption, pour renforcer les moyens de la justice mais aussi de la police, de la manière dont il nous le demande."
- Et comment voyez-vous le rôle des institutions judiciaires liégeoises à ce sujet ?
"Pour nous, il est nécessaire d'avoir une bonne coordination entre le parquet fédéral et les institutions liégeoises pour vraiment s'allier, trouver les portes d'entrée de la drogue dans notre région et pouvoir tarir les flots à la source."
La dépénalisation du cannabis
"C'est vrai que le cannabis, c'est vraiment la poule aux oeufs d'or des cartels", avance Caroline Saal. "Et donc, pour nous, légaliser, dépénaliser le cannabis à l'image de ce qui se fait en Allemagne, c'est une manière en fait d’encadrer la production et la vente dans l'économie légale. En Allemagne, ils ont créé des cannabis social clubs, c'est-à-dire des ASBL, sans publicité pour produire du cannabis très encadré. Et de cette manière-là, on permet de développer des politiques de prévention et on sort le cannabis, qui est vraiment le produit le plus consommé en Belgique, des mains des criminels."
Le financement
"Nous proposons la création d’un fonds antidrogue financé par les avoirs récupérés auprès des cartels de la drogue", précise la candidate 2e suppléante à la Chambre. "Selon les chiffres, en France au sein du parquet financier, un magistrat confisque 600 millions par an. Il y a là des moyens pour financer la politique de lutte mais aussi pour octroyer des montants destinés à la prévention et à la santé."
Stéphane Savaris