Un nouveau dispositif pour lutter contre les féminicides à Liège

Violences conjugales et confinement, Liège prend ses dispositions

Qu’elles soient psychologiques ou physiques, les violences conjugales et familiales prennent de multiples formes et se caractérisent souvent par l’isolement de la victime par l’auteur de celles-ci. Le confinement comme on le vit actuellement est donc un facteur aggravant du phénomène. 

"Le confinement c’est l’isolement social, c’est son principe" explique Jean-Louis Simoens, coordinateur de la ligne téléphonique Écoute violences conjugales. "Par lien d’analyse, le réseau professionnel est une protection. Une victime de violences conjugales, lorsqu’elle a un emploi est en partie protégée par celui-ci. Une victime qui a la possibilité de voir ses amis, sa famille, ses proches, est protégées par ces liens sociaux. Ce qu’on observe avec le confinement, c’est que ces dispositifs de protection disparaissent."

Sur la ligne téléphonique gratuite Écoute violences conjugale on dénombre d’ailleurs trois fois plus d’appels qu’en temps normal. Une augmentation dur à la multiplication des situations de crises et d’urgences, mais aussi à l’inquiétude de proches de victimes. 

Dispositions liégeoises

À Liège, les autorités communales et la commission Femme et Ville ont mis sur pied un plan  impliquant  les pharmaciens et les libraires, afin de venir en aide aux victimes confinées et bloquées avec leurs agresseurs. Ces commerçants de proximité deviendront une première oreille et une sorte de sentinelle pour les victimes de violences conjugales.

"On s’est dit que finalement ils restaient les quelques commerces ouverts où les victimes seraient susceptibles de se rendre" explique Marie-Paule Henry, présidente de la commission Femmes et Ville. "Ce sont des commerçants de proximité, qui dans beaucoup de cas connaissent assez bien leur clientèle. Ils ont l’habitude d’échanger, connaissent un peu la vie de chacun. Les gens se livrent souvent à leur pharmacien ou leur libraire. Ils pourront être un relais, une personne-ressource pour aider les victimes. Nous leur avons fourni les coordonnées des associations et organisations à contacter en cas de besoin."

Pharmacien(ne)s et Libraires, les confidents du confinement

La mise en place de ce projet s’est faite en accord avec les commerçants concernés. L’initiative est favorablement reçue.

"Nous sommes un peu les confidents de nos clients" explique  Brigitte Batis, pharmacienne. "Ils viennent souvent chez nous avec des problèmes intimes. Ils ont l’habitude de nous en parler. Je pense qu’ils n’auront pas de difficultés à nous confier certains éléments de violence, que cela soit entre conjoints, avec les parents,… Je pense que cela se fera naturellement et ils savent qu’on a l’habitude de les écouter." 

Si l’initiative porte ses fruits, il n’est pas exclus qu’elle soit prolongée au-delà de la période de confinement. Du côté des acteurs de terrain, plusieurs ajustements ont été réalisé afin de maintenir l’écoute et l’accompagnement des victimes de violences conjugales ou familiales. Ainsi, les périodes d’ouverture du « Web tchat » sur le site www.ecouteviolencesconjugales.be ont été élargie. Désormais, le tchat est ouvert du lundi au vendredi de 9h à 19h.

Liens et numéros à contacter en cas de violences conjugales ou familiales 

Police : 101

Urgence médicale : 112

Écoute violences conjugales : 0800/30 030

Collectif contre les violences familiales : 04/223 45 67

SOS viol : 0800/98 100

« Web tchat »  écoute violences conjugales : www.ecouteviolencesconjugale.be

CASS : permanence sans rendez-vous chaque lundi de 9h30 à 12h, rue Monulphe à 4000 Liège

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Après avoir augmenté les places dans les centres d'accueil pour femmes victimes de violence conjugales, financé les associations du secteur et mis à contribution les pharmaciens pour aider ces femmes, la Wallonie, la Province et la Ville de Liège et les Pôles spécialisés en la matière lance un tout nouveau dispositif pour lutter contre les féminicides. Ce projet se concrétise enfin pour la première fois en Wallonie et plus spécifiquement à Liège.

Plus de 20 femmes belges sont décédées suite aux coups de leur conjoint ou ex-conjoint depuis le début de l'année 2023. Pour diminuer ce nombre inquiétant de féminicides, un nouveau dispositif a été créé à Liège. DIVICo a été pensé durant deux ans, il s'apparente aux soins intensifs des violences conjugales. Le but étant de mettre en sécurité femmes et enfants avant le passage à l'acte d'un conjoint malintentionné. "Imaginons ici qu'une maison de justice détienne l'information, qu'un auteur qui a été placé en détention va être libéré pour le week-end. La maison de justice pourrait transmettre cette information à une maison d'accueil et d'hébergement qui héberge la victime, ex-partenaire de l'auteur, et mettre en place de la sécurité pour éviter que l'auteur s'approche de la maison et tente un passage à l'acte. Mais elle pourrait aussi prévenir l'école pour mettre en place une sécurité afin d'éviter un enlèvement d'enfant par l'auteur", exemplifie Joëlle Tetart, coordinatrice du dispositif à Liège.

La Wallonie rattrape son retard en la matière

En Wallonie, c'est une première. La Flandre a quant à elle son propre dispositif depuis plusieurs années. Le but serait donc, à terme, de généraliser un dispositif, comme DIVICo dans l'ensemble du sud du pays. "La police a parfois une partie de l'information, la justice en a une autre et le secteur de la santé, à travers les hôpitaux en ont aussi. L'objectif, c'est de rassembler les informations, quand ces opérateurs-là sentent qu'il y a un danger de basculement. S'il y a un risque, je crois que tout le monde doit échanger l'information et suivre la personne de manière très individuelle. On va l'écarter, on va la protéger. On va mettre en place des choses pour éviter le basculement et c'est vraiment ça la plus-value. On sait que chacun avait une part d'information, mais malheureusement, il y a des interstices et parfois peut-être que le drame peut être évité grâce à cette collaboration pour les cas les plus critiques", détaille la ministre wallonne des Droits des Femmes, Christie Morreale.

D'autres investissements ont également été réalisés afin de prendre en charge les femmes victimes de violences conjugales en Belgique, une femme sur quatre en est victime au cours de sa vie. Ce dispositif, qui devrait diminuer le nombre de féminicides, vient donc compléter cette prise en charge de plus en plus efficace dans notre pays.

 

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