La rentabilité de l'aquaponie à l'étude
À l'heure où le circuit court et le local ont le vent en poupe, une solution pourrait résider... Dans l'aquaponie. L'université de Liège et l'ASBL CERER Pisciculture étudient actuellement la rentabilité de ce système qui allie culture de plantes et élevage de poissons. Ce projet, nommé Perciponie, s'exporte également dans les écoles. Pierre Devillers et Myrtille Wéry se sont mouillés pour nous !
Du poisson à la salade
Plongeons ensemble dans un écosystème particulier. Partons à la rencontre de "poissons cultivateurs". Ce système, c’est l’aquaponie. Les déjections des poisons nourrissent les plantes. Les plantes filtrent l’eau. L’eau retourne dans le bassin des poisons. Un projet pilote est installé à Modave depuis plusieurs mois, il a pour but de fournir des données. "On fait de la recherche pour comprendre le fonctionnement, les échanges entre les poissons et les légumes. Mais aussi au niveau énergétique, au niveau économique" détaille Vincent Gennotte, Chargé de projets pour CERER Pisciculture ASBL. "Le but, c'est de créer des bases suffisantes pour pouvoir aider des entrepreneurs à développer ce type d'activité."
Des études sont aussi menées sur le choix du type de poisson. "On a choisi le Sandre car c'est un poisson à haute valeur ajoutée au niveau économique. On peut le vendre plus cher pour la consommation que de la truite ou un autre poisson d'eau douce." Nous explique Thomas Lagasse, technicien en aquaculture pour le CERER Pisciculture. "De plus il faut un poisson qui supporte l'eau chaude, car dans notre système l'eau est constamment à 23 degrés." Pour l'étude, les conditions de vie du sandre en milieu naturel ont été reproduites, les poissons vivent dans l'obscurité.
Un projet éducatif
Ce projet a également un but éducatif. L’Athénée Royal de Huy possède son système d’aquaponie miniature depuis novembre 2021. Étant donné que l'aquarium ne peut pas être plongé dans le noir dans l'enceinte de l'école, le choix des poisson s'est porté sur le tilapia ! Et ceux-ci ne sont pas ici pour la décoration. Les élèves ont de nombreuses manipulations à effectuer avec eux. "Ces manipulations, elles sont quotidiennes !" raconte Carole Rougeot, Cheffe de travaux pour l'UGERAA (Unité de Gestion des Ressources Aquatique et Aquaculture) de l'Université de Liège. "Les élèves doivent nourrir les poissons, relever des paramètres physico-chimiques, comme la température et l'oxygène. Et puis, ils doivent relever les mesures de composés chimiques comme l'ammoniac, les nitrites et les nitrates, pour qu'ils restent dans des gammes optimales pour le bon fonctionnement du système et pour le bien-être des poissons."
Pour pouvoir s’occuper correctement de leurs petits pensionnaires, les élèves ont suivi une journée de séminaire. De quoi sortir des traditionnels manuels papiers. "Là c'est visible, et on apprend tout presque comme si on était sur le terrain" raconte Alric, élève de première année. "Je trouve que c'est bien, ça permet d'économiser de l'eau et de permettre aux plantes de pousser" complète Nathan, rhétoricien à l'Athénée Royal de Huy. "On peut pratiquer, on fait des tournantes avec les autres classes pour pouvoir nourrir les poissons et s'occuper des plantes. Je trouve que c'est une super manière d'apprendre" nous résume Maëlle, élève de première année.
Cette ferme aquaponique offre également diverses opportunités aux enseignants. C’est le vivant qui vient à la rencontre des étudiants. "On a pu faire plein d'activités !" raconte Laure Hogenboom, professeure de Biologie et chimie. "Avec les rhéto on a pu faire tous les cours sur l'écologie, sur l'azote, le carbone, etc. Avec les plus jeunes on a pu parler de la respiration des plantes, leur nutrition, la photosynthèse, ... Tout y est, c'est magnifique !"
Un projet dans le cadre d'un programme européen
Le projet Perciponie devrait présenter ses premiers résultats avant la fin de cette année 2022. Actuellement, la rentabilité est évaluée à 3 à 5 tonnes de légumes pour une tonne de poison.
Le projet Perciponie est un projet Interreg Grande Région. Ce projet est financé par le Fonds FEDER européen et par le Service Public de Wallonie. Il est réalisé en collaboration avec l'Université de Lorrain, l'Université de Liège et l'ASBL CERER Pisciculture.
P. Devillers & M. Wéry