Liège : quatre cafés à nouveau fermés pour le week-end

Le bourgmestre de Liège, Willy Demeyer, a ordonné la fermeture de quatre nouveaux cafés en ce week-end du 15 août. Cette décision fait suite aux auditions survenues mardi auprès du directeur général adjoint de la Ville, lequel a rendu des rapports de synthèse qui ont débouché sur cette sanction. Celle-ci débute ce jeudi dès 12 heures et prendra fin dans la nuit de dimanche à lundi à 1 heure du matin, heure de fermeture des cafés décrétée par le gouvernement fédéral dans le cadre des mesures Covid-19.

C'est justement pour non-respect de ces mesures que quatre nouveaux établissements liégeois sont sanctionnés. Aucun d'entre eux n'est cependant situé dans le Carré. Le non-respect du masque et des distanciations sociales sont les principaux griefs reprochés aux gérants des établissements "Le Warzone", du "Klippers", de "l'Auzias" et "Place aux huîtres", contrôlé un dimanche après la Batte. Une dizaine de PV avaient été dressés à l'encontre de clients et du personnel.

Trois autres établissements ont fait l'objet d'un avertissement parmi lesquels le "Point de vue", déjà sanctionné il y a une semaine, mais le bourgmestre de Liège a appliqué le principe de l'absorption, puisque les faits reprochés étaient antérieurs à ceux qui avaient déjà été sanctionnés d'une fermeture de quatre jours.

Les autorités liégeoises prônent autant la répression quand elle se justifie que la prévention afin de contenir la propagation du virus dans la Cité Ardente.

Des gérants de café réagissent

Giorgio Gerembaya a repris le "Klippers" depuis maintenant 3 semaines. Il doit déjà fermer son établissement. "Je me situe à 500 mètres d'un poste de police. Ils n'arrêtent pas de passer et je dois être d'autant plus attentif. Ils sont passés deux fois en remarquant des fautes. La première fois, un de mes serveurs ne portait pas son masque. La seconde, j'avais disposé des manges debout sans chaise et je ne savais pas que ce n'était pas permis. Depuis, j'ai acheté les chaises, mais je suis quand même passé à la trappe", s'attriste le gérant.

Après avoir pu se défendre face au directeur communal avec son avocat, il a reçu une lettre mercredi lui indiquant qu'il devait fermer le lendemain. "Les mesures changent souvent et ne sont pas claires. Il n'y a pas de cohérence dans tout ça. Ça impacte les clients et les employés qui ne s'y retrouvent plus. En plus, on est obligé de jouer la police. Ce n'est pas logique qu'on soit responsable du comportement de nos clients", juge Giorgio.

Aux "Antipasti di Sophie", c'est un autre cas de figure. Sophie Pasquale a reçu un avertissement pour ouverture tardive et, car elle ne portait pas son masque en étant seule dans son établissement. Son constat, c'est que les mesures sont appliquées sans prise en compte du contexte. "J'ai enlevé mon masque parce que l'Irish coffee que je faisais rendait l'air irrespirable avec un masque. J'étais seule dans mon établissement. Les clients étaient dehors. On fait ce qu'on peut, mais c'est vrai que c'est compliqué d'être irréprochable tout le monde vous le dira", affirme Sophie.

En plus des 40% de manque à gagner depuis la réouverture de son établissement, Sophie va donc devoir fermer lors d'un des plus gros weekend des vacances.

Lorsqu'on demande leur avis aux autres gérants sur la situation, c'est motus et bouche cousue. Ils sont nombreux à vouloir faire profil bas pour ne pas être ennuyés par des contrôles de plus en plus fréquents. Avec 2300 € d'investissement pour lutter contre la pandémie, la propriétaire du "Cappuccino" est presque sûre de ne pas être ennuyée.

Elle a accepté de prendre la parole. "Nous notre rôle ce n'est pas de faire la loi. Quand on dit une, deux, trois fois à un client de mettre son masque sans résultat, on ne sait rien faire. On n'est pas responsable de ça. Mais le problème, c'est qu'on nous tient responsable et qu'on risque une fermeture et une amende. On n'est quand même pas dans une dictature", s'indigne-t-elle.

Lorsqu'on demande aux gérants ce qu'ils pensent de la situation sans les enregistrer, on constate rapidement que les langues se délient. Le constat général de l'Horeca, c'est que les pertes sont énormes, que les mesures prises ne laissent pas place à certaines exceptions et que la police est trop sévère et trop présente. Tout le monde espère passer entre les mailles du filet pour sortir de cette crise sanitaire et économique sans trop y perdre de plumes. (P.J. avec Belga)

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