Un nouveau test sérologique unique en son genre produit à Seraing
Trois entreprises de biotechnologie wallonnes à la pointe du diagnostic, Unisensor (Seraing), Coris (Gembloux) et Bio-X (Rochefort), ont ensemble développé un test rapide individuel, qui constitue une première mondiale. L’ambition des trois partenaires est donc que la version individuelle de ce test rapide puisse être accessible à très court terme au plus grand nombre de citoyens, par exemple en pharmacie. Et ceci, grâce à la mise en place d'une unité de production locale (liégeoise), capable de répondre rapidement à une demande à grande échelle.
Son look ressemble à celui d’un test de grossesse. Pourtant il s’agit d’un test sérologique destiné à savoir si une personne a été contaminée par le covi-19 et a développé des anticorps. Un prélèvement sanguin est nécessaire pour le test dont le résultat est obtenu en 15 minutes à peine. Mais c’est surtout parce qu’il croise deux marqueurs du virus que ce dispositif est innovant.
"Les 99% des tests sérologiques rapides actuellement sur le marché ont un seul marqueur" explique Thierry Leclipteux, directeur général de Coris BioConcept. "Nous avons deux marqueurs avec notre test. Avec ces deux marqueurs, on s’est aperçu lors des validations cliniques que ça augmentait la sensibilité du test. Donc, on détecte plus de personnes qui ont été en contact avec le virus que si on n’avait qu’un seul marqueur. La deuxième spécificité, c’est que le fait d’associer ces deux marqueurs, va pouvoir donner une information sur le pouvoir neutralisant des anticorps développés."
Cela permettrait donc de considérer que la personne, ayant développé des anticorps, est protégée contre le virus. Tout cela doit encore faire l’objet d’une étude pour être confirmé.
Une production sérésienne
La naissance de ce test est le fruit d’une collaboration entre trois entreprises de biotechnologie wallonnes dont Unisensor basé à Seraing. Unisensor spécialisé dans la production de test à destination de l’industrie agroalimentaire accueillera d’ici peu une unité de production à grande échelle de ce test.
"Par rapport à nos partenaires, nous travaillons avec un plus grand secteur et nous avons de plus grandes capacités de production" explique Benoît Granier, directeur de Unisensor Diagnostic Engineering. "Nous produisons plusieurs millions de tests par mois à destination de l’agroalimentaire. En ce sens, nous offrons l’accès à nos infrastructures et notre expertise en matière de production à grand volume si le cas se présentait, que ce soit pour la Région Wallonne, ou que ce soit pour le marché hors de la Belgique.-"
Un test grand public ?
L’objectif des trois entreprises associées est de distribuer son test en pharmacie pour le grand public. Mais il y a un problème de taille pour le consortium. Actuellement, le testing en dehors des circuits hospitaliers et des laboratoires agréés n’est pas autorisé.
"Ils doivent obtenir l’évolution du cadre réglementaire pour avoir l’autorisation de diffuser le test en pharmacie" explique Willy Borsus, ministre Wallon de la recherche et de l’innovation. "Après l’évolution du cadre légal, ils doivent recevoir l’agrément du niveau fédéral. Tout ça relève des autorités fédérales."
L’interdiction de la vente de tests individuels aux particuliers arrive à échéance le 17 septembre si le gouvernement fédéral ne décide pas de prolonger celle-ci. En attendant la modification du cadre législatif, le produit mis au point par le consortium Wallon sera uniquement vendu aux hôpitaux et aux laboratoires. Si il le feu vert est donné pour la vente en pharmacie dans les mois à venir, son prix avoisinera les 15 euros.
R. Dubois