Chasse: les plans de tir chamboulés par les loups
Aywaille, Comblain... Les attaques de loups ne se limitent plus aux Hautes-Fagnes dans notre province. De nombreux chasseurs constatent en tous cas que le grand gibier se fait plus rare dans certains massifs forestiers de la région. La présence des loups vient, semble-t-il, s'ajouter à d'autres facteurs qui perturbent le comportement du gibier, qui déserte alors les espaces qu'il fréquentait auparavant. Au grand dam des chasseurs, qui éprouvent alors des difficultés à remplir leurs obligations de prélèvement.
Le loup va-t-il profondément modifier les plans de tir des chasseurs liégeois ? La chasse divise, mais la chasse a une utilité. Celle de réguler les populations de cervidés et de sangliers de nos forêts. En 2010, des quotas minimums sont imposés aux chasseurs. Si ces quotas ne sont pas atteints, les autorités wallonnes les sanctionnent, et exigent le paiement d'amendes. "La forêt et les grands animaux ne supportent pas bien la présence humaine grandissante dans les forêts. Le gibier est dérangé, il fuit et se rassemble", analyse Benoît Petit, le président du Royal Saint-Hubert Club de Belgique. Le regroupement des cervidés donne du fil à retordre aux chasseurs, car ils n’arrivent plus facilement à atteindre certains quotas.
En plus de se regrouper, ils partent de plus en plus dans les champs pour être plus tranquille, loin de la chasse et de l’activité humaine. La 3e cause de cette difficulté à réguler les populations de nos forêts serait plus récente. "Le loup a le même effet que l'humain sur le gibier. L'inquiétude d'un nouveau prédateur est forte et accentue le comportement craintif du gibier", observe Benoît Petit.
En Wallonie, c’est le département nature et forêt qui fixe les quotas. "On essaye d'observer la réaction du grand gibier face à la réapparition du loup. On constate que de nombreux animaux désertent certains terrains. Tout ça est certainement temporaire, ils tentent de s'adapter", explique Alain Licoppe, le coordinateur du réseau loup du SPW.
Le DNF autorise une réduction de quota d’environ 15 % si un loup est sur une zone de chasse. "Une réduction peu importante qui correspond à l’impact que peut avoir ce prédateur sur le gibier", explique la DNF. Actuellement, la quantité de gibier tuée par les loups n’est pas encore assez importante que pour supprimer ou diminuer fortement les quotas. Les chasseurs devront donc eux aussi s’adapter à la nouvelle présence de cette espèce protégée de nos forêts. (P.J.)