Les fournisseurs d'eau à la recherche d'alternatives face aux sécheresses
En Belgique, l'accès à l'eau potable est un droit fondamental inscrit dans la constitution. Pourtant, d'année en année, cette ressource qu'on croyait abondante s'avère plus rare que prévu. Le nombre de mètres cubes captés par les sites de nos fournisseurs d'eau portable diminue d'année en année. Exemple au site de captage de Vivaqua à Modave.
Avec un record de 78 500 mètres cubes captés en un jour, le site de captage d'eau souterraine de Modave est le plus important de Belgique. Seulement, d'année en année, le nombre de mètres cubes captés diminue. "Ça fait 20 ans que je m'occupe du captage de Modave ici. Et c'est vrai qu’au fil du temps, on se rend compte que les courbes sont toujours les mêmes, elles montent et descendent au fil des saisons. Cependant, chaque année, le niveau diminue de quelques centaines de mètres cubes par rapport à l'année passée", analyse Jean-Marc Denis, chef cantonnier du captage de Modave qui appartient à Vivaqua.
"Nous devons investir pour éviter d'être trop juste dans les 20 prochaines années"
L'intercommunale Vivaqua possède 26 sites de captages en Wallonie. Ceux-ci alimentent tous les Bruxellois en eau, ce qui représente 70 millions de mètres cubes d'eau potable par an. Le reste de la production alimente notamment la Flandre et la Wallonie. Après avoir constaté cette diminution du niveau de l'eau, Vivaqua a commencé à analyser ses moyens de production il y a cinq ans. "La conclusion, c'est que notre appareil de production va encore pouvoir servir les populations que nous desservons pendant les 20 prochaines années, mais que pour éviter d'être trop juste à certains moments, nous devons faire des investissements pour créer de nouvelles sources de production d'eau les moins énergivores possible. Donc, on essaie d'aller vers des productions écologiques, un peu comme à Modave où c'est une pente douce qui achemine l'eau jusqu'à Bruxelles. Par exemple, une des pistes que nous avons, c'est de récupérer ce qu'on appelle l'eau des dalots, l'eau qui ruisselle en dessous des conduites. Nous avons fait des analyses avec notre laboratoire, elle est d'une parfaite qualité. Nous pouvons donc, par exemple, récupérer cette eau à peu de frais", détaille Laurence Bovy, la directrice générale de Vivaqua.
Le gouvernement wallon veut reprendre la main en cas de sécheresse prolongée
Avec ses 130 années d'existence, Vivaqua est un acteur indispensable de la production d'eau potable en Belgique. C'est loin d'être le seul fournisseur à s'inquiéter de la situation. Le gouvernement wallon est lui aussi interpellé. "À ce jour, ce sont uniquement les communes et les opérateurs de l'eau qui peuvent prendre des mesures de restriction au niveau de l'usage de l'eau potable. Donc, on est en train de travailler à un nouveau décret de priorisation des usages de l'eau en cas de crise pour être en capacité si un moment donné, on est vraiment confronté à un phénomène de sécheresse prolongée. Le but serait d'avoir un levier d'action au niveau du gouvernement wallon pour pouvoir considérer certains usages qui sont plus prioritaires que d'autres. Je pense que c'est important de prévenir plutôt que de guérir et d'éviter d'attendre le moment où on devra prendre ses décisions dans l'urgence, pour se poser ce type de question", souligne Céline Tellier, la ministre wallonne de l'Environnement.
Les différents acteurs publics qui entourent la distribution de l'eau en Belgique s'organisent donc pour diversifier les moyens de capter l'or bleu et pour sensibiliser la population à son importance. Le but : assurer l'approvisionnement des Belges en retardant les effets de la sécheresse. Des effets que nos voisins européens subissent de plein fouet actuellement. (P.J.)