Pollution des sols : les maraîchers rassurent leurs consommateurs
En 2021, l’AFSCA a décidé d’appliquer de nouvelles normes de contrôle en matière de pollution des sols. Ces normes européennes ont divisé par deux le seuil maximum autorisé de plomb et de cadmium dans les légumes. Depuis de nombreux maraîchers de la région tentent de mieux comprendre et de faire comprendre ces nouvelles normes.
Aux Piétresses à Jupille, comme dans beaucoup de lieux du bassin de la Meuse, certaines terres sont polluées. Le cadmium et le plomb sont des métaux lourds qu’on retrouve dans le sol. Un certain seuil de tolérance était appliqué jusqu’alors en Belgique. Il a été abaissé récemment, mettant quelques maraîchers de la région dans l’embarras. "Si vous suivez cet abaissement des normes, on demandera bientôt aux enfants de ne plus jouer dans la terre quand il fait trop sec, pour ne pas qu'ils respirent les métaux lourds en suspension dans la poussière. Je suis d'accord qu'il faut être précautionneux, mais il ne faut pas exagérer. Vous savez avant d'arriver à des taux qui posent problème, il faut déjà en manger beaucoup", considère François Sonnet, maraîcher au "Champ des possibles".
Très peu d'explications concernant ce changement
Dans son exploitation, pas de pesticide et du fumier en guise de fertilisant... Le seul bémol, c’est cette norme européenne appliquée par l’AFSCA depuis 2021. "J'essaye de rentrer en contact avec une personne qui a travaillé sur ce dossier européen pour qu'il vienne nous expliquer leurs arguments et les études qui portent sur le sujet. Lorsqu'on voit que les taux acceptés pour les moules et les huîtres sont très supérieurs aux taux acceptés dans les légumes. Ils partent du principe qu'on mange plus de légumes que de moules et d'huîtres. Cela fait des années qu'on mange des légumes avec des taux plus importants que ceux qui sont permis avec les nouvelles normes, j'aimerais qu'on me donne la preuve que cela a causer une surmortalité qui justifie ce changement", détaille le maraîcher.
Dans ce maraîchage, les abonnés peuvent venir récolter leurs légumes eux-mêmes et discuter avec François. Parmi eux, il y a Arnaud, un ancien employé de l’Institut Scientifique de Service Public, qui a contrôlé pendant des années l’utilisation de pesticides en Belgique. "Il y a toujours une balance risque et bénéfice dans chacune de nos actions. Moi, je préfère aller récolter des légumes près de chez moi et d'être en contact avec le maraîcher qui les produit. Je veux le soutenir, car je considère que la nourriture des supermarchés a elle aussi plein de points négatifs", souligne Arnaud Giusti.
Un danger mais des risques limités
Depuis le passage de cette nouvelle norme européenne, les maraîchers sont en contact avec la Région wallonne pour trouver des solutions. Il cherche également à mieux comprendre cette norme qu’il considère comme arbitraire. "Il peut y avoir des dangers, mais il faut aussi parler du risque. Lorsque vous traversez une route, il y a un danger. Lorsque c'est une route de campagne, le risque est plus faible que si c'est une autoroute. Ce que nous soutenons avec notre groupe, c'est que nous sommes face à une route de campagne et non une autoroute. C'est essentiel d'améliorer la situation, de rester attentif à la santé des consommateurs, mais il est essentiel aussi de dire que le risque n'est pas plus grand qu'avant l'apparition de la norme", soutien Arnaud Keutgen, coordinateur du réseau Aliment Terre.
Arnaud, François et les autres espèrent que cette norme sera amenée à changer, ou du moins que des solutions vont être amenées pour que ces petits producteurs puissent continuer leur activité. (P.J.)