L'anatomie du tableau de Michael Kravagna : couleurs et matières en apothéose
Des tableaux dévoilent leur anatomie à la galerie de Wégimont. Michael Kravagna est un poète de la couleur et de la matière, il crée son propre langage, sans jamais imposer un sujet à ses œuvres. L’artiste prépare ses peintures dans son atelier et mélange les techniques pour composer des œuvres intemporelles, toujours uniques, des couleurs qui envahissent l’espace et résonnent en nous.
« Les tableaux, je les construis en couches, explique l’artiste. Chaque couche de couleur recouvre toujours toute la surface, mais laisse des vides. Et enfin, quand le tableau est fini, toutes les couches sont simultanément là. Les tableaux changent l'atmosphère de l'espace, et ça change aussi avec la lumière, mais aussi avec la position du spectateur. Donc, si on regarde de côté, de près ou de loin, c'est toujours différent. »
Anne Gersten, commissaire de l’exposition, en parle avec passion : « Le travail de Michael, c'est la richesse de la matière. D'abord, bien sûr, avec toutes ces couches successives, mais aussi des couleurs. Il y a une infinité de couleurs et de variations dans les couleurs absolument phénoménales. Il les emploie toutes et dans chacune des couleurs, il va chercher une infinité de nuances. »
Deux hémicycles se répondent dans la galerie de Wégimont. D’un côté, une ambiance intime, spirituelle, presque sacrée, avec des pourpres et des dorés profonds, renforcés par l'architecture de la salle avec ses colonnes. De l’autre côté, un espace plus tonique se crée, des énergies vives éclaboussent. Un climat différent dans chaque carré, orange, bleu, ou vert, un vert presque irréel.
« Forcément, le vert renvoie à la nature. Mais ce qui intéresse Michael Kravagna dans la nature, ce n'est pas le paysage, ce n'est pas l'image qu'on se fait habituellement de la nature ou d'un paysage. C'est plutôt, la structure, les lignes de force, les processus de croissance que l'on trouve dans la nature, qui alimente son travail, qui est d'ailleurs constitué en quelque sorte de strates successives, comme si on assistait à l'émergence des formes de la nature. Mais c'est ce processus qui est peint. Ce n'est pas la nature elle-même. »
Les couches de peintures superposées donnent un relief, une matière particulière qui donne presque envie de caresser la toile. On est complètement happé par ce monde de couleurs, tantôt calme, tantôt plein de rage, mais toujours subtile. L’exposition L’anatomie du tableau de Michael Kravagna est à découvrir jusqu’au 22 octobre.