Fermeture d'Abracadabra: "À force d'acheter en ligne, les commerces de qualité vont disparaître"
Le magasin de vente et de location de déguisements Abracadabra va fermer ses portes. En 38 ans, la gérante a observé peu à peu les clients se tourner vers le commerce en ligne. Selon elle, la crise sanitaire a le mouvement.
"Liquidation totale avant fermeture définitive." Ces pancartes sur la vitrine du magasin de location et de vente de déguisements le plus connu des Liégeois ont un triste effet sur les passants. Ce magasin, situé depuis 38 ans dans la rue de Seraing, est une institution supplémentaire qui va fermer ses portes.
Pendant la crise sanitaire, le magasin avait déjà dû se séparer de 2 employés pour faire face à la diminution de 80 % du chiffre d’affaires. "Ça a fait très, très mal quand on a dû s'en séparer. On a essayé de les réengager fin 2021, en se disant que ça allait reprendre, qu'on allait avoir besoin de ces 2 personnes. Et puis en juin 2022, on a bien vu que ce n'était plus possible. Financièrement, c'était devenu impossible pour nous. Donc voilà ce qu'entraîne aussi le commerce en ligne... Non seulement, l'argent ne reste pas ici en Belgique, mais en plus, ça ne permet même pas d'engager du personnel", s'attriste Corinne Leclercq, la responsable du magasin.
Le commerce en ligne, la fin des magasins de proximité
Selon Corinne, il est clair que le commerce en ligne lui a progressivement pris sa clientèle qui a perdu le goût de faire vivre les commerces et les artisans locaux et européens. "De nombreux déguisements qu'on achetait sont créés par un artisan hollandais. Ce sont des séries limitées que nous avons et que nous pouvons mettre en location tellement la qualité est extraordinaire. Ça se lave, et ça se repasse. Si tous les magasins comme le nôtre finissent par disparaître, ces artisans disparaîtront. À force d'acheter en ligne, les commerces de qualité vont disparaître", analyse-t-elle.
Le catalogue que Corinne avait créé elle-même il y a 30 ans témoigne en effet de la solidité des costumes qu’elle a achetés à ces artisans. "On peut voir que de nombreux costume que j'ai créés et que j'ai achetés sont encore en vente ou en location. C'est une autre qualité que ce qu'on peut trouver sur les sites en ligne les plus connus", juge la responsable d'Abracadabra, fatiguée de voir des déguisements de mauvaise qualité séduire les acheteurs.
Le 1er juin, Corinne donnera les clés à un investisseur qui lui a racheté sa surface commerciale pour la mettre en location. Une retraite bien méritée anticipée de 2 ans. D’ici là, les 800 déguisements qui restent dans les stocks d’Abracadabra sont en vente pour entamer leur seconde vie. (P.J.)