Report de la reconnaissance du Fort de Huy comme Mémorial national
La commission de la Défense de la Chambre n'a pas procédé mercredi au vote d'une proposition de loi de Christophe Lacroix (PS) visant à reconnaître le Fort de Huy, mais aussi la caserne Dossin, comme Mémorial national.
Les partis de l'Arizona ont demandé et obtenu l'organisation d'auditions, visant à établir une liste précise des lieux qui pourraient se voir décerner ce titre, au grand dam du député socialiste.
Actuellement, seuls le Fort de Breendonk et le Mémorial National aux Martyrs Juifs de Belgique à Anderlecht portent le titre de "Mémorial National". Le député socialiste entendait, via une proposition de loi co-signée par Philippe Goffin (MR), octroyer aussi ce titre au Fort de Huy. Le texte déposé était similaire à une proposition, de loi alors déposée par Samuel Cogolati (Ecolo) et qui n'avait pas pu être votée sous la précédente législature.
Durant la Seconde guerre mondiale, ce fort a servi de camp de détention nazi pour plus de 7.000 prisonniers, dont des résistants et des otages. Le musée qui y est installé permet aux visiteurs de découvrir les conditions de vie des prisonniers et de mieux comprendre la réalité de la guerre et de l'occupation nazie. Le site propose également des activités pédagogiques pour les écoles.
Par amendement, la caserne Dossin avait été ajoutée.
Mercredi en commission, les partis de l'Arizona ont demandé, après suspension de séance, de procéder à des auditions, singulièrement du War Heritage Institute (WHI), comme l'a souligné Mathieu Michel (MR).
"Mettre Huy sur le même pied que Breendonk n'est historiquement pas exact", a déclaré Theo Francken (N-VA).
Pour Vanessa Matz (Les Engagés), il est important d'établir une loi fixant des critères sur la manière dont les sites sont reconnus, citant les Fort de Loncin, les massacres et Baugnez et de Bande ou encore la tuerie de Courcelles.
Au PTB, Nabil Boukili a vu dans ce report un "malaise" au sein de l'Arizona sur les questions relatives à la résistance pendant la Seconde guerre mondiale, dans une intervention qui a suscité la colère de la cheffe de groupe centriste. "Me faire donner des leçons de démocratie par le PTB, c'est un peu l'hôpital qui se moque de la charité", a rétorqué Mme Matz.
Christophe Lacroix s'est insurgé contre ce report, assurant être ouvert à l'inscription d'autres sites mémoriels. "Je regrette amèrement que l'Arizona n'ait pas permis le vote d'une telle proposition, alors que ces derniers jours ont été marqués par la prestation de serment de Trump, le salut nazi de Musk et que nous commémorons cette année le 80e anniversaire de la libération des camps. L'absence de vote de l'Arizona constitue une gifle aux résistants d'hier, d'aujourd'hui et demain."
Le député PS a également souligné que des avis avaient déjà été demandés et qu'"aucun d'entre eux ne disait, non, vous ne devez pas le faire". "Le 30 janvier prochain, le président de la Chambre invitera à respecter une minute de silence en séance plénière dans le cadre de la journée internationale de commémoration de l'Holocauste. L'adoption de cette proposition de loi aurait permis de joindre le silence aux actes", a conclu Christophe Lacroix, dans un communiqué diffusé à l'issue de la commission.
L'asbl Communauté Historia conteste la paternité du PS
L'asbl Communauté Historia, qui indique être à l'origine du projet, conteste la paternité du PS. L'association de défense du patrimoine précise avoir principalement travaillé avec les députés Cogolati et Goffin sous la précédente législature. Selon son président Virgil Declercq, le questionnement du MR porte principalement sur le maintien d'activités sur le site, notamment de type horeca.
Au PS, on précise avoir attendu l'avis du WHI avant de demander le vote au parlement.