Broyeurs à métaux: les riverains exposés aux polluants
Les riverains qui habitent à proximité d'un broyeur à métaux sont-ils plus exposés à certains polluants? Selon l'étude Biobro, la réponse est oui. En Wallonie, il existe sept sites de broyeurs de métaux. Un seul sur la province de Liège, la société BST à Engis. Sur 56 substances analysées, certaines sortent du lot, comme nous l'explique Céline Tellier, la ministre wallonne de l'environnement: "Je dirais que les résultats sont rassurants sur certaines substances, en particulier les PCB, qui étaient pourtant le point d'attention prioritaire autour de la question des broyeurs depuis plusieurs années en Wallonie, où là, on n'a aucun dépassement des valeurs de référence sanitaire. Par contre, on a effectivement des points d'attention plus importants pour d'autres substances, en particulier le PFOS, qui est un dépôt existant en Wallonie où on a effectivement une surexposition et également une surexposition pour l'arsenic et le plomb urinaire..."
Le projet Biobro( pour biomonitoring autour des broyeurs à métaux wallons) a été commandé par le gouvernement wallon et mené par l’ISSEP, l'Institut Scientifique de Service Public. Il ambitionnait d'analyser l'urine et le sang de 500 adolescents vivant à proximité de sept broyeurs. La participation citoyenne fut cependant beaucoup plus faible, seulement 121 échantillons analysés. Ce qui ne permet pas d'incriminer la responsabilité totale des broyeurs.
"Le plomb et l'arsenic, malheureusement, on en a aussi retrouvé dans la population générale wallonne. Alors ici, on en retrouve un peu plus autour des broyeurs. Mais donc, le plomb, ça peut venir de l'environnement, on sait qu'en Région wallonne, on en a une pollution historique au plomb. Donc ça pourrait venir aussi par là, ça pourrait venir de l'alimentation,on sait qu'il y a encore des canalisations en plomb et donc on pourrait avoir de l'eau potentiellement contaminée en plomb. Et pour l'arsenic, ça peut venir de l'environnement, mais ça peut venir aussi de notre alimentation." nous explique Ingrid Ruthy, chargée de projet à l'Issep.
Hasard du calendrier, une demande de renouvellement du permis d'exploitation de la société de broyeurs BST à Engis est en cours. Après enquête publique, les riverains s'opposent à ce renouvellement de permis. Au cabinet de la ministre Tellier, on va tenir compte de l'étude Biobro pour se positionner: " Ces résultats seront bien entendu intégrés dans l'analyse de la l'administration. Il est trop tôt, évidemment, pour se positionner là dessus, ça appartient aux services de l'administration. Mais je serai particulièrement attentive, bien sûr, à ce que toutes les conditions soient mises dans les permis, le cas échéant, pour éviter une exposition à ces polluants qui sont maintenant mieux identifiés aussi dans le corps des personnes."
Retrouvez l'analyse complète de ce biomonitoring des broyeurs à métaux wallons sur www.issep.be/biobro