"Nous sommes au seuil de problèmes si on ne prend pas des mesures."
Ce lundi 20 juillet à 12h le centre de crise a relancé ses conférences de presse du bulletin épidémiologique du Covid-19 en Belgique. Pour la reprise l'accent a été mis sur l'information et la discussion, et non sur les chiffres.
Une augmentation des infections journalière de 60%
Sur la semaine écoulée la moyenne d'infections journalières est d'un peu plus de 150, soit une augmentation de 66% par rapport aux 7 jours précédents. Les provinces d'Anvers, du Limbourg et de la Flandre-Occidentale sont les plus touchées, bien qu'il existe une légère augmentation généralisée dans les autres provinces. Les indicateurs classiques restent cependant favorables avec 145 lits occupés dans les hôpitaux et une moyenne inférieure à 10 hospitalisations par jour. L'occupation des soins intensifs est restée stable, de l'ordre de 3% de la capacité réservée aux patients covid-positif. Il reste malgré tout entre 1 et 2 décès par jour à déplorer.
"La situation est moins favorable qu'il y a 15 jours, mais n'est pas dramatique"
Yves Van Laethem, porte-parole interfédéral Covid-19 veut rassurer, l'objectif n'est pas de faire peur mais bien de conscientiser, c’est maintenant qu’il faut réagir. "L’augmentation des nombres de cas est liée à des clusters qui se sont formés dans différentes communautés, telles que des transmissions intrafamiliales dans des grandes familles ou encore lors d’évènements divers." détaille le porte-parole interfédéral. "C’est via ce point de départ que l’augmentation c’est faite."
Il est absolument nécessaire de réaliser que le virus n’est pas parti.
"Les vacances sont peut-être là, mais le virus, lui aussi, est là !"rappelle Yves Van Laethem. "Il faut absolument en tenir compte dans tous les évènements de nos vies. Il faut se dire que le Covid peut être présent et il faut en tenir compte dans nos comportements. Ce n’est pas parce qu’on connaît quelqu’un depuis longtemps que le virus qu’il porte potentiellement est moins transmissible. Le virus est transmissible tant par la famille que par quelqu’un qu’on voit pour la première fois." Il est également demandé à la population de continuer à respecter le principe des bulles de 15 personnes et à prendre garde aux foules.
Surveillez les symptômes
Il est demandé au public de continuer à porter de l'attention à d'éventuels symptômes tels que la fièvre, des douleurs un peu partout, une fatigue importante inhabituelle, des maux de tête inhabituels, une perte du goût ou de l'odorat. Ces symptômes peuvent, bien entendu, être liés à d'autres maladies mais il est important de ne pas perdre du Covid-19 de vue. Si vous présentez ces symptômes le bon réflexe est de s'auto-isoler et d'appeler son médecin traitant, c'est lui qui décidera de la marche à suivre.
"Le Covid est assez pernicieux, il se transmet le jour avant de commencer à être malade et les premiers jours de maladie." souligne Yves Van Laethem. "Il faut insister sur le fait de s’auto-éloigner rapidement, car c’est à ce moment qu’on est le plus contagieux. Peut-être pensez-vous, comme certains, que cela ne vous concerne pas... Actuellement la pathologie touche majoritairement des personnes jeunes et actives entre 20 et 50 ans. Peu entre 0 et 20 ans, peu entre 50 et 60 ans et plus. Cette population active - entre 20 et 50 ans - est rarement très malade mais est tout aussi à risque de transmettre le virus qu’une autre personne infectée et cela pourrait toucher quelqu’un qui aurait une manifestation grave de la maladie."
Actuellement nous ne sommes pas dans une situation grave, mais nous sommes au seuil de problèmes si on ne prend pas des mesures.
"Prenons les mesures, c’est le moment ou jamais, c’est maintenant qu’il faut agir !" souligne Yves Van Laethem. "Il faut stopper cette vaguelette qui a immergé dans différents endroits du pays, nous avons besoin de l’aide de tout le monde. En suivant ces conseils nous parviendrons à stopper ce qui est apparu depuis une 15aine de jours."
Le testing et le tracing ont toute leur importance
L'importance de la détection des contacts a été rappelée durant cette conférence de presse. "Quelles sont les caractéristiques d’une bonne détection des contacts selon nous ?" interroge Karine Moykens, présidente du comité interfédéral Testing & Tracing. "Tout d’abord, rapide, dès qu’une personne est infectée, les personnes qu’elle pourrait avoir infectées doivent être informées le plus tôt possible et invitées à prendre les mesures nécessaires : les tests, l’auto-isolement, l’éloignement social complet. Toutes les personnes infectées et toutes les personnes qu’elle aurait pu infecter doivent être jointes. Correctes, les infos disponibles sur les personnes concernées, dont leur numéro téléphone, doivent être correctes. Cela doit inspirer la confiance, la détection des contacts est une méthode de prévention pour éviter les chaînes de contamination, il est important que chaque personne appelée donne les infos nécessaires et suive les conseils. Les informations obtenues ne peuvent pas être et ne seront pas utilisées à des fins de contrôles, cela est interdit par la loi. Permettre de découvrir et d’identifier des clusters de contamination, lieux de rassemblement de nombreuses personnes, à la fois structurellement (entreprises, maisons de repos, …) et accessoirement comme par exemple une réception de mariage ou un camp de jeunesse."
Des transmissions de résultats plus rapides
Dès aujourd'hui l’INAMI va demander aux laboratoires et aux hôpitaux de communiquer électroniquement les résultats des tests disponibles endéans l’heure. Pour le moment cette communication peut parfois prendre jusqu’à 2 jours. Le délai de traitement au sein des centres de contacts sera également raccourci de 2/3. sciensano enverra 3 fois par jour (au lieu de 1 fois) les données des personnes à contacter aux calls-centers. Dès la fin de cette semaine, les personnes appelées par le centre de contact, mais non-disponible au moment de l’appel pourront rappeler eux-même le centre de contact. Ils pourront recontacter le centre de contact pour donner de plus amples informations.
Les interlocuteurs du centre de contact pourront demander plus d’informations plus de circonstances dans lesquels les contacts ont eu lieu. "Il est important de découvrir les clusters de contamination possibles." détaille Karin Moykens. "Des cases managers seront appelées à cartographier les clusters de contamination possible. Les organisateurs d’évènements devront tenir une liste des participants à l’évènement indiquant le nom, le prénom et le numéro de téléphone. S’il apparaît qu’une personne contaminée était présente à l’évènement, l’organisateur sera invité à fournir la liste des participants afin que ces personnes puissent être contactées. Progressivement, les services de prévention externe et interne d’une entreprise seront avertis si un employé se retrouve infecté. Cela a été demandé par les partenaires sociaux."
Quid des voyageurs qui rentrent des zones à risque ?
Les voyageurs revenant des zones à risques vers la Belgique par bateau, train, bus ou voiture devront remplir un formulaire électronique, le formulaire de localisation des passagers, avec lequel ils s’engagent à respecter les mesures de quarantaine.
Amélioration du système de tracing pour fin août
"Vers la fin du mois d’août une nouvelle plateforme permettra de travailler 'event-driven' et en temps réel, cela demande une nouvelle architecture aussi bien pour les systèmes dans les laboratoires, chez les médecins généralistes et chez sciensano ainsi que pour les centres de contact. D’où le temps nécessaire à sa mise en place." explique la présidente du comité interfédéral Testing & Tracing. "Une application complémentaire au traçage manuel par les centres de contact sera également mise en place. Il s'agira de la même application pour tout le pays et tous les habitants, construite avec le plus grand respect de la vie privée et l’interopérabilité avec les pays avoisinants."
Karine Moykens a signalé qu'elle reviendrait sur ces 2 points après le 15 août.
"Il faut s'assurer que nos efforts n'ont pas été vains".
"Je tiens à commencer son intervention par les mots avec lesquels nous avions terminé la conférence fin juin : 'Sortons de chez nous mais sans faire les fous.' Ce slogan plus que jamais d’actualité." déclare Antoine Iseux, porte-parole du centre national de crise, lors de son intervention. "Nos efforts conjoints ont permis de profiter du début de cette période estivale, c’est pourquoi il faut s’assurer à présent que ces efforts n’ont pas été vains. Le virus n’est pas en vacances, il est toujours bien présent. Il faut travailler ensemble pour que ces contaminations se limitent à une vaguelette. Ce sont nos comportements individuels qui détermineront la courbe à venir."
Le Centre National de Crise appelle à un comportement responsable et solidaire de la part de tous pour garder la situation sous contrôle. "Nous espérons que les contaminations de ces derniers jours agiront comme un signal d’alarme et que nous trouverons la motivation pour respecter les mesures cet été." complète Antoine Iseux. "L’objectif n’est pas de susciter un sursaut de peur mais un sursaut de solidarité. Il s’agit de la santé de tout le monde."
Bien respecter les règles d'or
- Les règles d'hygiène de base telles que le lavage des mains, l'idéal est de se laver les mains lorsqu'on arrive dans un nouveau lieu (chez un Amin à la maison, ...) ;
- Le respect de la distance de sécurité ;
- Le port du masque dans les endroits où il est obligatoire, ou lorsque la distance de sécurité ne peut pas être respectée. Attention à porter correctement ce masque ;
- Le respect de la bulle sociale de 15 personnes.
- Redoubler d'efforts lorsque nous rencontrons des personnes à risques.
Le Centre National de Crise espère que ces mesures, bien respectées, agiront comme un coupe-feu.
La prochaine conférence de presse aura lieu ce mercredi 23 juillet.