Ouïghours : la commission des Relations extérieures de la Chambre reconnaît un risque de génocide

La commission des Relations extérieures de la Chambre a approuvé mardi une proposition de résolution qui reconnaît "un risque sérieux de génocide" de la minorité ouïghoure en Chine et condamne les "crimes de persécution et les violations massives des droits humains dans la région autonome du Xinjiang qui peuvent être constitutives de crimes contre l'humanité". Le texte a reçu l'unanimité moins l'abstention du PTB. Samuel Cogolati, député fédéral écolo liégeois, fait partie des personnalités européennes interdites de séjour en Chine. Cette sanction faisait suite à une proposition de résolution demandant que la Belgique reconnaisse comme génocide le sort réservé aux Ouïghours.

L'utilisation du mot "génocide" constituait l'un des enjeux des travaux que la Chambre a entamés sur ce sujet après le dépôt de résolutions de plusieurs partis. Il figurait dans une proposition des écologistes et a valu à un de leurs députés, Samuel Cogolati, de figurer au nombre des personnalités européennes visées par des sanctions chinoises. 

La commission des Relations extérieures de la Chambre a mené deux après-midis d'auditions sur le sujet, marquées notamment par le témoignage d'une rescapée des camps "de rééducation" chinois, aujourd'hui réfugiée aux Pays-Bas. 

Si la Chambre approuve le texte en séance plénière, elle rejoindra les parlements néerlandais, canadien, lituanien, tchèque et britannique ainsi que l'administration du président américain Joe Biden.

Vers des mesures préventives ?

La reconnaissance d'un risque sérieux de génocide implique l'adoption de mesures préventives, conformément à la convention internationale de 1948 sur la prévention et la répression du crime de génocide. 

La proposition de résolution contient 20 demandes au gouvernement fédéral belge, notamment de condamner la politique menée à l'égard des Ouïghours, le travail forcé ou les stérilisations forcées dont cette population musulmane fait l'objet, de plaider auprès des instances européennes pour un élargissement des sanctions à l'égard de la Chine si la répression des Ouïghours ne cessait pas ou encore de dénoncer les traités d'extradition bilatéraux avec la Chine si la situation devait s'aggraver. 

Le texte s'attache également à l'accord d'investissement entre l'Union européenne et la Chine en cours de négociation. Il demande d'en geler l'approbation tant que des sanctions sont appliquées à la République populaire et que des engagements contraignants ne sont pas pris en matière de droits de l'homme, du travail, sociaux et environnementaux. 

En adoptant ce texte, le parlement belge entrera dans l'Histoire, selon Samuel Cogolati. 

En 1948, la communauté internationale avait dit 'plus jamais ça' et signait une Convention pour prévenir et réprimer le crime de génocide. Aujourd'hui, une large majorité démocratique envoie un signal très fort à Pékin pour faire cesser les atrocités contre les Ouïghours. Pour la première fois, nous tirons les leçons du Rwanda et de Srebenica, nous n'attendons pas et nous agissons avant qu'il ne soit trop tard, en prenant toutes les mesures contre un risque sérieux de génocide en cours", a-t-il déclaré dans un communiqué.

"Notre parlement, malgré les nombreuses pressions subies, a poursuivi son travail", s'est félicité Michel De Maegd (MR) qui a insisté sur la précision juridique du texte.

"Il faut agir auprès des autorités chinoises afin de leur rappeler que notre pays ne peut accepter que les droits d'une minorité soient bafoués et qu'il soit porté atteinte à l'intégrité physique et psychologique des membres de cette minorité. Car tous ces éléments nous poussent à craindre un risque de génocide", a dit pour sa part le chef de groupe PS, Ahmed Laaouej, sur Twitter.

Malgré quelques critiques, l'opposition nationaliste flamande a soutenu la résolution au contraire du PTB qui, fidèle à la ligne suivie sur ce sujet, s'est abstenu. Le parti marxiste a répété ses arguments: les accusations portées contre la Chine doivent être vérifiées par une enquête indépendante. "Tant que ce n'est pas le cas, on doit rester prudent, d'autant plus que l'on sait que les États-Unis tentent de nous attirer dans une nouvelle guerre froide", a expliqué Steven De Vuyst.

La prudence du PTB à l'égard du régime communiste de Pékin a suscité l'indignation du cdH. "Cette abstention du PTB est inqualifiable. Contrairement à ce qu'il affirme, il n'est pas le défenseur de la veuve et de l'orphelin, en tout cas pas quand ils sont chinois, russes ou qu'ils ne s'inscrivent pas dans sa vision bipolaire du monde héritée de la guerre froide", a dénoncé Georges Dallemagne.

 

Source : Belga

 

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