La journée de mobilisation ravit les syndicats, le patronat consterné

Les syndicats sont satisfaits du mouvement de grève qui s'est tenu lundi à travers le secteur privé, ont-ils indiqué à Belga. Le patronat est pour sa part consterné, jugeant la grève "contreproductive". En province de Liège, des piquets de grève ont notamment été installés chez Liberty Steel à Tilleur, un choix qui n'a pas été fait au hasard vu la menace qui pèse sur le groupe en raison de la faillite de Greensill, partenaire financier de Liberty Steel. Une situation qui fait craindre des répercussions sur les 761 emplois locaux.

Commerce, grande distribution, transport, industrie... Une grande variété de secteurs se sont mobilisés pour cette journée de grève, ce qui témoigne d'un malaise partagé entre les domaines d'activité, a estimé la secrétaire générale de la CSC Marie-Hélène Ska en fin d'après-midi. Sans pouvoir encore donner de chiffres précis, elle salue une "impressionnante mobilisation", malgré un contexte cadenassé par la crise du coronavirus.

La mobilisation des travailleurs démontre que les syndicats représentent le monde du travail et ses attentes, a, pour sa part, analysé Thierry Bodson, président de la FGTB. Il appelle le patronat à "revoir ses positions". Selon les informations du syndicat socialiste, l'industrie manufacturière a été "quasiment à l'arrêt" en Wallonie et à Bruxelles, tandis que les transports publics ont été fortement perturbés.

La CSC et la FGTB avaient appelé à la grève nationale pour protester contre la norme salariale qui empêche les salaires d'augmenter de plus de 0,4% (en plus de l'indexation automatique des salaires) pendant les deux prochaines années. Le syndicat libéral CGSLB n'avait pas suivi l'appel à la grève.

Ce sont avant tout les transports publics qui ont été perturbés. A Bruxelles, seule une ligne de métro et sept grandes lignes de tram de la Stib étaient en service. En Wallonie, les Tec étaient pratiquement à l'arrêt dans la région de Liège-Verviers, notamment. Au nord du pays, seul un véhicule De Lijn sur trois circulait en moyenne. En revanche, plus de la moitié des trains de la SNCB étaient en service grâce au plan alternatif élaboré dans le cadre de la grève. Infrabel a ajouté que toutes les cabines de signalisation étaient opérationnelles lundi, permettant aux trains de circuler.

La plupart des supermarchés étaient fermés en Wallonie et à Bruxelles, selon un coup de sonde dans le secteur. Au sein de l'enseigne Delhaize, 40 magasins en gestion propre sont restés portes closes, tandis que les volets de 33 magasins Carrefour sont restés tirés. Sur 316 magasins Lidl, 89 sont restés fermés, dont 80% en Wallonie. Colruyt et Aldi on a été plus épargnés, la plupart des magasins ayant ouvert. Dans les centres de distribution, les perturbations ont été limitées.

Le secteur technologique a été fortement touché également, avec une entreprise sur 10 concernée. Selon la fédération sectorielle Agoria, 30% de ces entreprises enregistrent lundi une perte d'activité de plus de 75%.

En province de Liège, des piquets de grève ont notamment été installés chez Liberty Steel à Tilleur, un choix qui n'a pas été fait au hasard vu la menace qui pèse sur le groupe en raison de la faillite de Greensill, partenaire financier de Liberty Steel. Une situation qui fait craindre des répercussions sur les 761 emplois locaux.

Le personnel de nettoyage et de gardiennage a profité de la journée de mobilisation pour manifester sur la place de la Liberté à Bruxelles, rebaptisée "place de la liberté de négociation" pour l'occasion. Les travailleurs appellent à sortir du carcan d'une marge salariale à 0,4%.

Une trentaine de militants étaient par ailleurs présents lundi matin chez Brucargo, la division cargo de Brussels Airport, afin de réclamer une augmentation salariale après une "très bonne année" pour le secteur de la logistique.

En Flandre, de grandes entreprises ont été touchées par la grève, comme Volvo Cars à Gand, où la production était totalement à l'arrêt et reprendra mardi.

Une situation qui contrarie le patronat, pour qui l'idée même d'une grève en pleine crise sanitaire est "contreproductive", des mots de l'Union des classes moyennes (UCM). Cette grève est "regrettable" à ses yeux: "Les chefs de PME sont attachés à la paix sociale et celle-ci est plus nécessaire que jamais, à l'heure où des décisions stratégiques vont se prendre. (...) Les syndicats réclament une augmentation des salaires supérieure à 3,2% en deux ans (2,8% d'indexation automatique + 0,4% de norme salariale). L'UCM insiste sur le fait que respecter cette norme sera déjà un exploit pour des milliers d'employeurs."

Concernant les entreprises qui ont réalisé des profits en raison du Covid-19, l'UCM souligne que les employeurs ne sont pas opposés à un partage de ces bénéfices avec les employés, mais que les solutions sont à trouver autour d'une table de négociation.

La Fédération des entreprises de Belgique (FEB) regrette, quant à elle, "que les syndicats aient décidé d'entraver la difficile relance économique, de compromettre la compétitivité de notre économie et par conséquent de mettre à mal l'emploi".

Les syndicats verront prochainement si la journée de grève aura des répercussions sur la concertation sociale. Après l'échec des négociations entre syndicats et employeurs pour un accord interprofessionnel, c'est le gouvernement fédéral qui a la main. Le Premier ministre Alexander De Croo a laissé entendre dimanche que des pistes avaient été fournies depuis quelques semaines aux patrons et aux syndicats, afin d'ouvrir la possibilité à des entreprises qui engrangent de bons résultats de donner plus d'augmentation à leurs travailleurs que les 0,4% prévus. Un "premier signal", selon la CSC.

 

Source : Belga

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