Aywaille : il faut protéger les petites moules !
Protégez les petites moules d'Aywaille ! C'est, en substance, le message de la DNF, le Département de la Nature et de la Forêt, à l'adresse des responsables de chantiers menés le long de l'Amblève.
Un de ces chantiers en cours consiste à faire passer, deux mètres sous le lit de la rivière, une canalisation. Ce conduit permet de récolter les eaux usées du village situé sur la rive droite de Sougné-Remouchamps, pour les amener sur l'autre rive, où se trouve, quelques centaines de mètres plus bas, la station d'épuration d'Aywaille.
Et les petites moules d'Aywaille ? Ce sont des "unio crassus", que l'on appelle en français, malgré leurs petites tailles, des "molettes épaisses". Il s'agit de petits coquillages bivalves, qui ont cette particularité d'être de véritables petites stations d'épuration !
Il s'agit donc de les protéger, d'autant qu'elles sont particulièrement fragiles.
C'est une des préoccupations du DNF, le département de la nature et des forêts, qui a émis une série de mesures à prendre auquelles doivent se soumettre les entreprises amenées à gérer des chantiers aux abords de l'Amblève, explique Catherine Barvaux, qui est Cheffe de cantonnement DNF à Aywaille.
"Ce chantier, à travers l’Amblève, risquait de soulever des boues, qui auraient pu aller se déposer un plus loin sur ces populations de petites moules, avec un risque de les asphyxier. C'est une situation qu'il s'agissait de chercher à éviter, à la fois parce que ces petites molettes sont sur la liste des espèces en voie de disparition, mais aussi parce qu'elles jouent un rôle appréciable d'épuration des eaux.
Un dispositif a été mis en place pour éviter que les camions ne roulent dans le lit de la rivière.
Autre contrainte, pour limiter le rejet d’eau boueuse dans l’Amblève : l’obligation de pomper et de filtrer les eaux situées sur la zone de chantier. La technique utilisée jusqu’ici était de faire passer ces eaux boueuses dans un conteneurs remplis de ballots de paille. C'est une technique fort contraignante, car il faut remplacer la paille toutes les semaines, et l'encombrement du conteneur peut aussi poser problème à certains endroits plus étroits.
La société a qui a été confié le pompage des eaux boueuses sur ce chantier teste actuellement une pompe avec un nouveau système de filtration.
Jusqu'ici, leur filtre présentait un maillage avec des petits trous d' 1mm ; le nouveau filtre permettrait de réduire ce maillage à 0,087 mm ! explique Aurélien SUTTO, de la société "Fluid Services".
Des échantillons d'eau ont été prélevés avec les deux filtres. La différence de résultats est parfaitement visible : l'eau qui ressort du filtre avec ses mailles de 1 sur 1mm est d'aspect boueuse, tandis que l'eau de l'autre échantillon, qui est passée par le filtre aux mailles de 0,87 mm est nettement plus claire.
De l'eau claire rejetée dans la rivière, malgré un chantier en cours à proximité immédiate, c'est évidemment une très bonne nouvelle pour les espèces fragiles qui pourraient souffrir du dépôt des boues soulevées par les travaux.
Les échantillons d’eau, bien identifiés, ont été envoyés aux laboratoires pour analyses.
La Division Nature et Forets examinera les résultats de manière à déterminer si ce nouveau système de filtrage peut être utilisé, et dans quelles circonstances, de l'objectif d' assurer toujours la meilleure protection possible pour la biodiversité.
E.Ortmans