Thierry Detienne élu par les sénateurs à la Cour constitutionnelle
Les sénateurs ont élu vendredi l'écologiste Thierry Detienne à la Cour constitutionnelle. Le vote s'est, cette fois-ci, déroulé sans surprises, après deux tentatives infructueuses de la députée Zakia Khattabi.
Comme attendu, le MR a soutenu la candidature présentée par Ecolo. Les libéraux avaient rejeté celle de Zakia Khattabi lorsque celle-ci s'était présentée une deuxième fois. A leurs yeux, présenter à nouveau un candidat rejeté revenait à tenter de forcer la main aux sénateurs.
La décision avait alors ruiné les chances de l'ancienne coprésidente d'Ecolo, déjà ciblée personnellement par des campagnes de la N-VA et du Vlaams Belang. Zakia Khattabi ne recueillait alors que 28 voix en sa faveur alors qu'il lui en fallait 39. Vendredi, l'élection de Thierry Detienne s'est déroulée sans encombres, seul le Vlaams Belang annonçant un vote défavorable. L'ancien ministre wallon a ainsi récolté 47 voix pour. Huit votes blancs ont été comptabilisés. Il lui en fallait 37, soit deux tiers des votants.
Occupant le portefeuille des Affaires sociales de 1999 à 2004, M. Detienne présente un profil bien plus discret que celui de l'ex-co-présidente des Verts. Ce romaniste de formation s'est retiré du devant de la scène politique après la débâcle électorale qui a sanctionné la première participation d'Ecolo à des gouvernements pour se consacrer à nouveau à son métier d'enseignant, notamment à la direction d'une école en province de Liège.
M. Detienne remplacera un autre écologiste, Jean-Paul Snappe, parti à la retraite. Sa désignation permettra de compléter la composition de la Cour constitutionnelle qui pour le moment ne compte qu'onze juges sur douze. Distanciation sociale oblige, seul un sénateur par groupe politique était admis dans l'hémicycle.
Lors des débats, le MR a annoncé le dépôt d'une proposition de loi spéciale visant à réformer la nomination des juges "politiques" de la Cour constitutionnelle, les anciens parlementaires occupant la moitié des sièges à la Cour. "Nous souhaitons augmenter les années d'expérience professionnelle exigées, organiser un examen selon des modalités prévues par la loi et procéder à des auditions des candidats", a notamment énuméré Gaëtan Van Goidsenhoven.
Le PS, par la voix de Latifa Gahouchi, ne s'est pas montré fermé à cette proposition, estimant toutefois qu'il ne fallait pas toucher aux équilibres actuels dans la composition de l'institution. Le cdH et Ecolo ont souscrit à ce point de vue. André Antoine (cdH) a en outre plaidé pour l'interdiction de poser une deuxième fois sa candidature si celle-ci avait été rejetée une première fois et suggéré d'intégrer les parlements régionaux dans le processus d'élection.
"Nous devons tirer les leçons de ce qui s'est passé" a indiqué Karl Vanlouwe (N-VA), qualifiant une nouvelle fois la seconde candidature de Mme Khattabi de "diktat". Les nationalistes flamands ont également suggéré une réforme de la nomination, jugeant que la procédure devait être davantage publique à l'instar des nominations à la Cour Suprême des Etats-Unis.
Source : Belga