Langue bleue : colère des éleveurs
En 2024, la fièvre catarrhale ovine a affecté les troupeaux bovins et ovins belges avec des pertes importantes. Face à cette situation, le ministre Clarinval a décidé de rendre la vaccination obligatoire en 2025, une décision qui suscite l’opposition de la FUGEA, un syndicat d'agriculteurs.
Cécile Schalenbourg élève 150 moutons dans sa ferme. En juillet dernier, elle a été impactée par la fièvre catarrhale ovine ou la maladie de la langue bleue. Elle a perdu une dizaine de bêtes et a eu aussi des dégâts secondaires comme la stérilité des béliers. Plane également des incertitudes quant aux prochaines mises bas des brebis. De son côté, le ministre Clarinval demande la vaccination obligatoire en 2025. Les éleveurs membres de la FUGEA dénoncent le manque d'accompagnement de cette mesure. "On doit vacciner contre deux variants et c'est chaque fois deux doses. Une première dose, plus une dose de rappel et on est pour le moment à 4 € la dose. Donc, on estime 16 € de vaccins plus les actes vétérinaires s'il faut les poser, on est au-delà de 20 € la brebis pour la vaccination. Nous sommes en colère parce que quand il y a vaccination obligatoire, on estime que l'Etat doit mettre les moyens derrière. Ici, le fonds sanitaire qui est alimenté par les cotisations des éleveurs est une mutuelle qui doit être activée en cas de crise. Nous ne comprenons pas pourquoi le ministre ne l'active pas " explique Cécile Schalenbourg, éleveuse de moutons.
Jean Devillers est vétérinaire, mais aussi éleveur de bovins et de brebis. Ce qui le gène dans la décision du ministre, c'est le caractère obligatoire aux frais des éleveurs sans tenir compte de différents paramètres, notamment pour les animaux en étable, beaucoup moins touchés par la maladie et plus faciles à soigner. "En tant que vétérinaire, et même éleveur, la vaccination est nécessaire, voire indispensable. Toute la problématique est dans le programme qui va être mis au point pour établir la stratégie de vaccination. Quel type d'animaux ? Quand, avec quels vaccins ? Nous ne connaissons rien de tout ça et on nous dit simplement que ça va être à charge de l'éleveur. Et ça, nous ne pouvons pas l'accepter non plus. Aussi bien en tant que vétérinaire, moi, je ne peux pas accepter parce que les éleveurs, je ne peux pas leur garantir un résultat. Et du côté éleveur, subir une vaccination obligatoire sans avoir toute une stratégie et sans en connaître le potentiel résultat, on ne peut pas l'accepter" explique Jean Devillers, vétérinaire et éleveur.
Quant à la FUGEA, elle se dit scandalisée par le manque d'écoute vis à vis de ses membres qui représentent des milliers d'éleveurs et demandent au ministre Clarinval qu'il revoie sa copie par rapport à l'obligation de vaccination.