"La longue marche" de Jean-Pierre Mͼller, à découvrir aux Drapiers
Artiste plasticien de renom international, Jean-Pierre Müller est également responsable de la section Images Imprimées à la Cambre. Son exposition « La longue marche (une fugue) » aux Drapiers, à Liège, est sa première exposition solo en Belgique depuis 9 ans. Une exposition qui devait s’inscrire dans la Biennale de la Gravure mais qui a été reportée à deux reprises suites à l’épidémie de la Covid-19.
La longue marche s’inscrit au croisement de deux projets : "7X7", une collaboration avec 7 grands compositeurs, dont Archie Shepp et Nile Rodgers, qui joue sur le chiffre 7 pour traduire le monde d’une certaine façon. Et puis « La longue marche (une fugue) », née de ce premier projet, une réflexion sur la marche de l’Humanité faite d’exil, d’exodes, de migrations et de conquêtes.
Cela se traduit ici par 24 œuvres récentes, dont des installations de grand format en textile. Un matériau devenu l’axe principal de sa pratique artistique pour sa légèreté et sa souplesse, mais aussi pour l’étendue des possibilités qu’il offre au niveau de la gamme chromatique.
La souplesse du tissu, des voiles utilisés, correspond à sa vision de l’histoire. Alors que notre époque est marquée par l’utilisation des réseaux sociaux et d’un mode d’expression très simple, très cash, où l’on s’exprime en trois mots maximum et où l’on ne s’adresse qu’à ceux qui pensent comme nous, Jean-Pierre Müller reste friand, pour ne pas dire avide, de complexité, de subtilité.
Livres d’heure, sérigraphie sur métal, tissus sérigraphiés sur châssis, dessins sur papier, tous les supports et techniques utilisés visent à illustrer sa volonté de proposer des chocs sémantiques.
A rebours des slogans très réducteurs, il estime qu’une série d’énigmes relient les gens du passé aux interlocuteurs contemporains. Il écoute leurs récits respectifs et essaie de les faire se croiser.
C'est à voir aux Drapiers, en Hors-Château 68, à Liège, jusqu'au 20 février.
F. Bonivert