Des centaines de saumons relâchés dans nos rivières
Chaque année, le Contrat de Rivière Amblève propose à plusieurs écoles primaires de participer au projet "Saumon en classe". Les élèves reçoivent 200 œufs de saumon atlantique pour s’en occuper. Après près de 3 mois, les alevins sont maintenant prêt à peupler nos rivières pour qu'un jour le saumon revienne en nombre en Wallonie.
C'est le grand jour à l'école communale de Harzé. Ces alevins de saumons dont ils se sont occupés vont être relâchés après avoir vécu dans cet aquarium qui reproduit l'écosystème d'une rivière. "Les enfants ont reçu plus ou moins 200 œufs de saumon qui venaient de Cosmos, le Conservatoire mosan du saumon. Ils ont dû s'en occuper pendant plus ou moins 2 mois. On enlève les cailloux et on va voir les petits saumons qui restent. Ceux qui ont été bien adaptés et qui vont pouvoir être relâchés", détaille Kim Sougné, une chargée de projet du contrat de rivière Amblève.
Sensibiliser à la disparition du saumon de nos rivières
Près d'une centaine d'alevins a pu se développer correctement grâce aux efforts quotidiens des élèves et de leur institutrice. "Chaque jour, on allait relever, la température, le pH et tous les trucs comme ça pour aller voir si tout se passait bien", explique un élève. "On avait mis des rochers et on avait aussi mis de la frigolite au-dessus, parce qu'ils aiment bien le noir. Ils n’aiment pas trop être dans le soleil. On a tout fait pour qu'ils soient heureux", enchérit un autre. "J'aimais bien m'occuper d'eux et du coup, c'est un peu triste de les relâcher, mais je suis contente qu'ils vivent bien", conclut une des élèves de la classe de 5e primaire.
Pour les relâcher, direction le ruisseau de la Belle Foxhal, à quelques kilomètres de l'école. Un lieu idéal choisi par le DNF pour favoriser leur développement. Le transfert doit se faire progressivement. "On a dû d'abord mettre un peu d'eau dans le bac pour qu'ils s'habituent à l'eau de la rivière parce qu'elle est différente de l'eau de l'aquarium", explique la jeune Éloïse. Pour les enfants, cette longue animation a eu de nombreuses retombées pédagogiques. En plus d'en apprendre plus sur cette espèce de poisson, ils ont été sensibilisés à l'importance d'avoir des écosystèmes variés partout dans le monde et de préserver les espèces en voie de disparition.
le saumon de Meuse, une espèce disparue qui revient petit à petit
Jusqu'au début du XXᵉ siècle, de nombreux saumons remontaient nos cours d'eau pour se reproduire où ils étaient nés. Outre la pêche intensive et le réchauffement climatique, la cause principale de leur disparition est la construction de nos barrages. "Les Pays-Bas, la France et la Belgique se sont associés pour lever chaque obstacle de la rivière. On est partis de la mer, donc les Néerlandais ont relevé les obstacles. Le premier obstacle en Belgique, c'est le barrage de Lixhe. Là-bas, il y a une échelle à poissons qui est installée. Tous les saumons qui veulent remonter nos rivières sont récupérés là et s'en vont à la salmoniculture de la Région wallonne à Érezée", détaille Christine Heinesch, la coordinatrice du contrat de rivière Amblève.
Ces cinq dernières années, une moyenne de 41 saumons a été capturée à Lixhe. Grâce à cette reproduction artificielle lancée en 2009, une nouvelle souche locale de saumons de Meuse fait son apparition. Chaque année, 500 000 œufs sont relâchés dans nos rivières pour qu'un jour, la reproduction des saumons en Wallonie redevienne naturelle. (P.J.)