Projet MARWAL : l'ULiège étudie des solutions pour stocker l'eau en sous-sol
Stocker temporairement de l’eau dans les nappes phréatiques en vue d’une utilisation ultérieure, c’est la solution à l’étude pour lutter contre les épisodes de sécheresse. Si l’état des ressources en eau ne suscite pas actuellement d’inquiétude particulière en Wallonie, il faut anticiper les conséquences à moyen et long terme du changement climatique. Le projet MARWAL (financé à hauteur de 500.000 EUR), conçu par le Service Public de Wallonie et mis en oeuvre par l'Université de Liège, se penche sur cette problématique.
Sous les terres de Hesbaye se cache la plus grande réserve d’eau potable de la région liégeoise. Avec le changement climatique, les niveaux de nappes phréatiques baissent lentement mais progressivement. Pour anticiper à moyen et long terme, une pénurie d’or bleu en Wallonie, le projet MARWAL (Managed Aquifer Recharge for the aquifers of WALlonia) a été lancé cette année par l’ULiège et ses partenaires publiques (SPGE/Société Publique de Gestion de l’Eau et SWDE/Société Wallonne des Eaux). Il s’agit d’une étude sur la recharge maîtrisée des nappes d’eau souterraine. "L'idée, c'est de stocker de l'eau quand elle est disponible, par exemple en hiver, quand on a vraiment des quantités d'eau importantes, parce que les précipitations sont bonnes et qu'il y a de l'eau", explique le Pr Serge Brouyère, responsable du projet MARWAL. "On stocke l'eau dans le milieu souterrain, d'une part, comme ça, elle ne ruisselle pas vers les rivières et donc les mers. On ne la perd pas et on limite son évaporation également puisqu'on est dans le milieu souterrain."
Deux techniques préconisées
Le but sera ensuite de réutiliser les volumes d’eau stocker en cas par exemple de période de sécheresse. La technique du bassin d’infiltration, illustrée à de la station de pompage de Kemexhe, est une des solutions envisagées pour introduire l’eau supplémentaire dans la nappe phréatique. "Au fond du bassin, il y a des graviers, donc les graviers, c'est très perméable", précise Mathieu Veeckmans, ingénieur projet et agent traitant sur le projet MARWAL pour la SPGE. "En dessous de ces graviers, il y a directement le sol et l'eau va s'infiltrer comme elle le ferait quand il pleut en hiver. Simplement du fait que le sol est constamment saturé, on assure une meilleure efficacité par rapport à ce que la nature ferait, si on avait des pluies qui tomberaient en discontinuité."
L’inconvénient de cette technique est qu’il faut beaucoup de place pour construire de grands bassins capables de gérer d’importants volumes d’eau. C’est pourquoi la technique du forage est une alternative également étudiée au sein du projet MARWAL. "De la même manière qu'on fait des forages pour pomper de l'eau, là, au lieu de pomper l'eau, on la réinjecte dans le forage directement dans la nappe", commente le Pr Serge Brouyère, responsable du projet MARWAL. "Et donc, on a un peu plus de risques d'un point de vue de la qualité de l'eau et de sa compatibilité avec le milieu géologique dans lequel on injecte l’eau."
Résultats en 2025
Bénéfique pour l’activité agricole, le stockage de l’eau aurait aussi un apport positif pour le consommateur d’eau de distribution. "La garantie de continuer à avoir une eau à son robinet qui est une eau souterraine, donc naturellement filtrée et qui a une qualité, qui ne nécessite pas de traitement", assure Marc Closset référent technique pour la SWDE.
Si personne ne doute de la pertinence de récolter eaux pluviales, eaux usées traitées ou eaux de surface pour recharger "artificiellement" les nappes phréatiques, les résultats du projet MARWAL en matière de faisabilité des techniques sont attendus pour après 2024.
Stéphane Savaris