Portrait d'Ann Lawrence Durviaux, professeure de l'ULiège tuée ce week-end
Dans la nuit de samedi à dimanche, Nathalie Maillet, la directrice du circuit de Spa-Francorchamps et Ann Lawrence Durviaux, une juriste de haut vol qui donnait cours à l’ULiège, ont été tuées. Cette dernière était vice-doyenne et professeure à l'ULiège. Elle a également enquêté dans l'affaire Publifin. Ses confrères, consœurs et étudiants étaient en deuil ce matin.
Vice-doyenne, Professeure, Conseillère spéciale. Ann Lawrence Durviaux était tout cela et bien plus. Elle a été tuée dans la nuit de samedi à dimanche à Gouvy dans la province du Luxembourg en compagnie de Nathalie Maillet, la directrice du circuit de Spa-Francorchamps. Un double féminicide perpétré par le mari de madame Maillet. "C'est lui qui a téléphoné pour annoncer qu'il allait se donner la mort également après avoir tué les deux victimes. Lorsque nous sommes arrivés, les trois personnes étaient décédées", indique Sarah Pollet, la procureur de division au parquet de Luxembourg.
"La faculté est sous le choc"
La faculté de droit, de sciences politiques et de criminologie est en deuil. Ann Lawrence Durviaux était très appréciée par ses consœurs, confrères. "La faculté est sous le choc", s'attriste le professeur Yves-Henri Leleu, le doyen de la faculté. Ce lundi, elle aurait dû être dans un amphithéâtre du campus pour faire passer un examen à ses étudiants. Certains ont souhaité nous dresser le portrait de cette professeure fort appréciée pour qui ils avaient voté lors des élections rectorales en 2018. Elle était la première femme à se présenter à ce poste. "J'avais voté pour elle. Elle avait à cœur d'aider les étudiants et d'augmenter leur bien-être", souligne une de ses anciennes étudiantes.
Elle avait rejoint la faculté en 2006 après avoir effectué une thèse de doctorat chez Paul Lewalle. La juriste avait développé une spécialisation dans le droit des marchés publics. Ça lui a valu d'être appelée par les parlementaires wallons pour enquêter en tant que conseillère spéciale sur l'affaire publifin.
Double féminicide, une expression racoleuse ?
En droit pénal belge, la notion de féminicide n'existe pas. Les associations qui luttent pour l'égalité des genres voudraient que ce soit le cas. Tout comme l'appellation "assassinat" aide à différencier un homicide prémédité, le féminicide aide à marquer le meurtre d'une femme par un homme. Ce week-end, ces deux femmes d'exception ont été tuées parce qu'un homme n'a pas accepté leur amour.
Alors, Féminicide ou crime passionnel ? À cela, l'Association des Journalistes Professionnels répond ceci: "Parler de "chagrin d’amour" ou de "crime passionnel" pour qualifier un meurtre conjugal, c’est parer la réalité d’un voile romantique et induire un sentiment de compréhension par rapport au meurtrier." Il nous est donc conseillé de désigner ce fait d'actualité par le terme "Féminicide" pour marquer l'horreur commise sur une femme par un homme. (P.J.)