Assises: Mokhtar Ammari n'a pas accepté la décision de sa femme de se séparer de lui
Mokhtar Ammari n'a pas accepté la décision de sa femme de se séparer de lui, ont affirmé ce vendredi les avocats des parties civiles lors de son procès devant la cour d'assises de Liège. Selon les conseils des victimes, Mokhtar Ammari a commis un assassinat. Il a ruminé sa déception au point d'avoir envie de tuer son épouse et de passer à l'acte.
Mokhtar Ammari (57 ans) avait tué son épouse, Fatima Khayer (48 ans), de 23 coups de couteau le 10 février 2019 dans leur appartement de Fléron. Il avait ensuite tenté de se suicider en ingérant des produits toxiques. Me Bertrand Thomas a analysé le contexte dans lequel se sont déroulés les faits. Il a rappelé que Mokhtar Ammari et Fatima Khayer s'étaient rencontrés au Maroc en 2006 et avaient connu un mariage très rapide. "Elle n'avait jamais eu l'intention de l'épouser pour avoir des papiers mais bien parce qu'elle était amoureuse de lui", a insisté l'avocat. Fatima Khayer est arrivée en Belgique mais elle a été confrontée aux difficultés financières de Mokhtar Ammari et à ses dettes de joueur. L'argent était un sujet de tension au sein du couple. Puis, Fatima Khayer, qui vivait pour ses enfants et voulait les préserver, s'est émancipée de lui. "Sa sociabilisation n'a pas plu à Mokhtar Ammari. À la fin de l'année 2018, alors qu'elle ne supportait plus leur relation, elle était décidée à se séparer de lui. Elle lui a annoncé et il ne l'a pas accepté", a décrit Me Bertrand Thomas. Selon la partie civile, Mokhtar Ammari a été profondément blessé dans son égo. Il a ruminé, au point d'avoir envie de tuer son épouse et de passer à l'acte. "Des disputes violentes ont opposé le couple dans les deux jours qui ont précédé. Le jour des faits, il n'a pas été emporté par une pulsion spontanée ou par un coup de folie. Il est arrivé déterminé. La scène a été rapide et Fatima Khayer a été tuée de 23 coups de couteau. L'homicide était purement réfléchi", a soutenu Me Thomas. L'avocate représentant les enfants du couple, Me Laëtitia Lamchachti, a dépeint le comportement de Mokhtar Ammari à l'égard de son épouse et de ses enfants. Les enfants ont rapporté que leurs parents étaient opposés dans des disputes fréquentes. Leur père ne voulait pas que leur mère ait des amis. Il voulait qu'elle s'occupe de lui comme d'un enfant. "Il détestait les amies qui permettaient à Fatima Khayer de s'épanouir. Il voulait qu'elle reste à la maison car il était jaloux", a souligné Me Lamchachti. Le conseil des enfants a aussi épinglé les attitudes suspicieuses et violentes de l'accusé, qui utilisait ses enfants pour espionner leur mère. Lui, par contre, quittait le foyer sans jamais justifier ses absences. Une scène violente a marqué les enfants quand ils ont été forcés de s'interposer alors qu'il tentait d'étrangler leur mère. Mokhtar Ammari a aussi proféré à plusieurs reprises des menaces de mort à l'égard de Fatima Khayer. Mokhtar Ammari aimait ses enfants et était aimé de ses enfants. Me Lamchachti regrette l'image qu'il a tenté de donner de leur mère. "C'était une maman gentille, aimante, douce, investie et soucieuse de l'éducation de ses enfants. Mais l'accusé la dépeint comme une mère violente et comme une terreur à la maison. Ces affirmations n'ont pas été démontrées par la majorité des témoins", a souligné la partie civile.
Belga