Grève de 24h dans les prisons : ras-le-bol général à Lantin
Depuis lundi 22 heures, c’est au tour des prisons francophones du pays d’être en grève pour une durée de 24 heures. Comme dans les prisons flamandes un jour plus tôt, le personnel pénitentiaire proteste contre un manque d'effectifs et une surpopulation carcérale.
La grève de 24 heures s’est poursuivi à la prison de Lantin ce mardi. Dans cet établissement, environ 40 % des effectifs participent à la mobilisation nationale. Les représentants du personnel pénitentiaire dénoncent 3 problèmes majeurs, les mêmes depuis des année : un manque d'effectifs, une surpopulation carcérale et le mauvais état des infrastructures.
Alors que l'ancien ministre de la Justice, Koen Geens, s'était engagé à un plafond de 10.000 détenus maximum dans les prisons du pays, "On est presque à 11.000" personnes emprisonnées actuellement", souligne Claudine Coupienne, secrétaire permanente à la CSC Services publics. Les 35 établissements pénitentiaires du pays ne peuvent pourtant accueillir en théorie que 9.500 détenus. "Normalement, une cellule est prévue pour une personne mais maintenant il y a trois détenus par cellule", illustre Mme Coupienne, "avec l'une qui dort sur un matelas par terre".
Du côté de l'administration pénitentiaire, on explique déjà mettre tout en œuvre pour limiter cette surpopulation, un phénomène "qui date depuis des années", souligne Kathleen Van de Vijver, sa porte-parole. La maison d'arrêt d'Anvers a notamment dû faire face à une arrivée massive de personnes en détention préventive, arrêtées dans le cadre de l'enquête sur un vaste trafic de drogue utilisant des téléphones cryptés Sky ECC. L'opération a permis d'arrêter 500 individus, dont 200 ont été placés en détention préventive. "Nous avons décidé d'une action humanitaire, en ajoutant des lits supplémentaires dans les autres prisons et en effectuant des transferts depuis la Prison d'Anvers" où les détenus dormaient par terre, explique la porte-parole.
À cette surpopulation carcérale, s'ajoute un manque de personnel, poursuit la syndicaliste de la CSC. Il manque 350 agents pour atteindre le cadre de 6.850 employés, fixé pour 10.000 détenus, insiste Mme Coupienne. "Nous recrutons mais cela prend du temps", rétorque Kathleen Van de Vijver. "Nous avons lancé une campagne et on espère que dans les prochaines semaines et mois, nous aurons du personnel en plus. Grève ou pas grève, on continue."
Tout cela "crée beaucoup d'insécurité", estime cependant Mme Coupienne, avec des détenus entassés ce qui ne favorise pas le calme et des agents en sous-effectifs qui ne peuvent prendre le temps de discuter avec chacun et chacune. C'est pourquoi le personnel pénitentiaire a entamé ce mouvement de grève étalé sur 48 heures et réparti dans tout le pays. De récentes rencontres avec le ministère de la Justice n'ont pas porté leurs fruits. "Il y a eu des propositions pour améliorer le recrutement mais le problème se situe aussi du côté des magistrats qui n'arrêtent pas d'incarcérer sans tenir compte de la surpopulation des prisons", pointe Claudine Coupienne.
Au-delà de la mobilisation de ce début de semaine, les représentants du personnel pénitentiaire ont déjà prévu un entretien avec ceux du ministère de la Justice le 21 janvier.
S.Savaris (avec Belga)