Lucifer de Liège: le trésor caché de la cathédrale
Une statue de Lucifer, dans la Cathédrale Saint-Paul de Liège, vient d’être reconnue "Trésor de la Fédération Wallonie-Bruxelles". Cette statue est un exemple rarissime d’une représentation de Lucifer, l’ange déchu, dans un bâtiment religieux.
La cathédrale Saint-Paul de Liège s’illumine de couleurs vives, quand la lumière traverse les vitraux. En fin de matinée, avec la course du soleil, les couleurs se déplacent sur les pierres des murs et des colonnes, ou sur le métal des orgues, apportant ainsi aux visiteurs une illumination extraordinaire.
Dans l’ombre se trouve, depuis 1848, une œuvre invisible quand on entre dans l'édifice. Elle est intégrée à la chaire de vérité, mais située l’arrière, presque cachée : c'est Lucifer, le "Génie du mal".
"Cette statue n’est pas le modèle original de la chaire de vérité, qui avait été créée en 1842", explique Alexandre Alvarez, le vice-conservateur du Trésor de la Cathédrale de Liège. "Une première statue de Lucifer était à cette place ; un Lucifer plus jeune, plus beau, qui attirait des fidèles, au point qu'ils formaient des attroupements... parfois même pendant les offices. Cette fascination du public avait conduit les autorités religieuses à faire retirer ce "génie du mal", bien trop tentant, et à commander une autre statue, qu'ils voulaient plus "repentante".
Cette seconde version de Lucifer, même placée dans l’ombre, a rapidement attiré du monde, elle aussi, au point d'être connue dans le monde entier !
Jonathan Fraipont, professeur d’ histoire en secondaire supérieur au Collège Saint Benoit-Saint-Servais, visitait la cathédrale avec ses élèves, lors de notre passage sur place.
Jonathan Fraipont ne manque jamais de faire découvrir cette face cachée de la chaire de vérité à ses élèves. "Sur la page Wikipédia francophone, si vous tapez "Lucifer", "Satan", l'illustration qui apparait est cette statue, le "Génie du mal", connu aussi sous le nom de "Lucifer de Liège".
Alexandre Alvarez nous montre une copie du "carnet d'Indiana Jones", comme il apparait dans "La dernière croisade". Il l'a trouvée pour quelques euros sur une des plateformes de vente les plus connues.
"A la page 19, on y voit le Lucifer de Liège, un carnet imprimé en Chine, et vendu dans le monde entier", sourit Alexandre Alvarez, jamais avare de commentaires quand il s'agit de faire référence au cinéma.
Le Lucifer de Liège est désormais repris sur la liste des Trésors de la Fédération Wallonie-Bruxelles/
Sur la colonne en face de la statue, la pierre a été polie à l’endroit où s’appuient ses admirateurs et admiratrices, une usure qui témoigne de l’attrait qu’exerce ce Lucifer depuis près de deux siècles. Une fascination... diabolique !