Des vols en avion électrique entre Liège, Maastricht et Aix-la-Chapelle cet été
Les aéroports de Liège, de Maastricht-Aix-la-Chapelle et de Würselen-Aix-la-Chapelle proposeront cet été des premiers vols en avion électrique accessibles au public dans le cadre du projet Electrifly. Les voyages se feront dans un avion biplace du constructeur slovène Pipistrel. Cette démonstration est une première étape vers l'électrification d'une partie du parc aéronautique, estime Wouter Dewulf, économiste spécialisé dans l'aviation à l'UAntwerpen.
Les voyageurs intéressés par le projet Electrifly pourront ainsi voyager entre la Belgique, les Pays-Bas et l'Allemagne du 1er juillet au 31 août grâce à cette collaboration entre les aéroports de l'Euregio, le centre européen dédié à l'aérospatiale et l'ingénierie FH Aachen, l'opérateur d'aviation d'affaires ASL Group et le fabricant de véhicules électriques Nio. Les billets, dont le coût est partagé entre le pilote et les passagers, peuvent être réservés sur le site www.electrifly.store.
Les vols en avion électrique restent rares pour l'instant, précise Wouter Dewulf de l'UAntwerpen. "Jusqu'ici, ces avions sont surtout réservés à la formation, pour des décollages et atterrissages, principalement à Liège et à Anvers", explique-t-il. "Ces appareils peuvent tenir environ 50 minutes et sont formidables sur les plans économique et écologique, par rapport aux avions actuels au kérosène".
Les appareils restent jusqu'ici limités en termes de places et d'autonomie, principalement en raison des batteries lithium-ion utilisés, dont le poids reste lourd pour la quantité d'énergie nécessaire à des vols plus longs. "Cela pourrait évoluer d'ici dix à quinze ans, comme pour la voiture électrique", analyse M. Dewulf. Il évoque notamment le projet de l'université technique de Delft, aux Pays-Bas, qui prévoit la fabrication d'un avion de 90 places et d'une autonomie de 500 à 600 kilomètres dans un délai de dix ans.
"Les constructeurs portent cependant plus leurs recherches sur les moteurs à hydrogène" pour les voyages moyen courrier, précise le professeur de l'université d'Anvers. "Mais il faut des réservoirs jusqu'à trois fois plus grand, ce qui implique la nécessité de changer le design des avions. Et pour les vols long courrier, l'industrie se tourne plutôt vers le SAF (Sustainable Aviation Fuel)". Ce carburant dit durable, produit à partir d'huiles végétales, de cuisson, de graisses animales, d'algues ou de sucres, émet moins de gaz à effet de serre, mais coûte actuellement plus cher que le kérosène.
"La technologie est là, les constructeurs se multiplient", confirme M. Dewulf. Le secteur semble surtout aller vers une diversification entre les véhicules (tels les taxis volants Lilium) et avions électriques pour les voyages de courte distance, les avions à hydrogène pour le moyen courrier et le SAF pour le long courrier. "Le secteur sait qu'il y a des échéances à tenir et qu'il faut donc investir dans la recherche", ajoute l'économiste.
P.J. avec Belga