L'aquaponie fait collaborer les poissons et les légumes
Dans la grange de la Ferme des 3 Moutons à Ciplet, 1500 truites arc-en-ciel nagent dans ces bassins. Et s'ils n'en ont peut-être pas l'air, ces poissons sont les futures aides-jardiniers de Sarah Van Heertum et Benjamin Elleboudt. Ils cultivent leurs légumes grâce à un procédé cyclique, l'aquaponie. Ce procédé consiste en une récupération de l'eau chargée de déjections de poisson pour nourrir les légumes. "Les poissons font leur déjection et tout au long de leur vie et plus ils vont grandir, plus ils vont faire de déjection. Petit à petit, le filtre à bactéries va ainsi fonctionner de mieux en mieux. Et de fil en aiguille, au plus, on va avoir de poissons, au plus on va pouvoir avoir de légumes dans la serre."
Dans les serres attenantes, ils ont installé d'autres bacs d'eau, destinés à la culture des légumes. Les légumes et les semis flottent sur des plateformes de polystyrène.
"L'eau filtrée des poissons arrive directement ici" poursuit Benjamin. "Cette eau passe à un débit relativement lent pour laisser le temps aux plantes de se gorger des nutriments et aux racines de se développer dans l'eau."
Le résultat est particulièrement concluant : les salades poussent ici plus rapidement qu'en terre, tout en économisant 90 % d'eau par rapport à une culture traditionnelle.
Une fois filtrée par les racines des légumes, l'eau repart ensuite vers les truites. Un véritable cercle vertueux ...
Ce système se veut écologique, en ne nécessitant pas de terreau, et moins énergivore sur tous les plans, puisqu'il ne laisse pas les mauvaises herbes s'installer. Et au niveau du goût non plus, Benjamin l'assure, pas d'inquiétude ... "Les légumes ont exactement la même saveur. Ils n'ont pas le goût de poisson, et encore moins celui de leur urine. C'est exactement comme les légumes qui poussent en terre, qui eux non plus, n'ont pas le goût de la terre ou du purin."
Le couple de graphistes a quitté la capitale il y a 6 ans pour s'installer en pleine campagne liégeoise. Épaulés par deux maraîchers, Antoine et Ahmed, ils y proposent aussi le fruit de leur récolte, en terre celle-ci, en complément de l'aquaponie et au grand bonheur des habitants de la commune de Braives. "On voulait vraiment être intégré à un village pour garder le côté échange et proximité" confie Sarah. "On a cet écosystème qui est très ancien mais qui commence à être remis au goût du jour actuellement. On est vraiment motivés à apporter ce qu'on peut apporter et à évoluer ! "
Après les premiers tests de salade, Benjamin et Sarah comptent sur leurs poissons pour faire pousser des tomates ou quelques herbes aromatiques. Dans leur magasin de produits locaux, ils proposeront aussi le fumage des truites devenues grandes. Décidément, à la Ferme des 3 moutons, rien ne se perd.