Fermeture des urgences de la clinique André Renard à Herstal
C’est une action sans précédent : la clinique André Renard à Herstal a décidé de fermer ses urgences. Depuis hier 14h00, le 112 est dévié et les patients ne sont plus acheminés vers cet hôpital. Il s’agit d’une mesure forte pour laisser entendre le ras-le-bol du personnel soignant tout aussi fort, mais surtout son épuisement.
Les couloirs des urgences de la clinique André Renard sont vides : c’est du jamais vu ! Le personnel travaille sans répit, il est épuisé, le taux d’absentéisme explose. Après bientôt de deux ans de lutte contre la Covid 19, c’était trop : il fallait une action choc. « La direction médicale a voulu marquer fort le coup. Elle a décidé de fermer les urgences depuis hier, 14h00, jusqu’à lundi matin, 8h00. Pourquoi fermer les urgences ? Car, les urgences, ce sont les portes d’entrée des patients dans tout l’hôpital, qu’il s’agisse des soins intensifs ou des soins d’hospitalisation. Quand on ferme les urgences, on ferme le in. Donc, on coupe le robinet d’arrivée des patients », explique Stéphanie Absil, infirmière en chef des soins intensifs à la clinique André Renard.
L’activité chirurgicale est également réduite, seules les opérations essentielles sont maintenues. Pouvoir souffler, relâcher un peu la pression, ce sont les raisons principales de ces actions. « Le personnel des soins infirmiers est épuisé à tous les étages de l’hôpital. Ainsi, l’hôpital ne sait plus assurer correctement les soins aux patients déjà hospitalisés au sein de l’institution. Dans ce contexte-là, nous pensons qu’il serait irresponsable de notre part de maintenir des entrées au niveau des urgences. Nous voulons soulager un maximum notre personnel », indique le Docteur Thierry Lemineur, directeur médical et responsable des soins intensifs de la clinique André Renard.
Il n’y a donc plus de nouveaux patients admis jusqu’à lundi 8h00. Cela change de la soixantaine de malades qui arrivent d’habitude chaque jour aux urgences. Un seul infirmier assure le service minimum. Mais, pas question de laisser de malade sur le carreau pour autant. « Il y a, bien sûr, une permanence médico-infirmière qui est en place. On sait que si un patient arrive par ses propres moyens (puisque toutes les ambulances et les SMUR sont déviés), il faut le prendre en charge. De toute façon, il y a un tri médical et infirmier qui est fait. Soit, il s’agit d’une pathologie aigüe et le patient bénéficie du plateau technique et de soins d’hospitalisations ou soins intensifs si nécessaire, soit, si c’est une pathologie plus relative, il sera transféré vers un autre hôpital », ajoute l’infirmière en chef, Stéphanie Absil.
Le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke a annoncé que pour chaque patient transmis par le 112 qui serait refoulé, un PV serait établi pour infraction à la loi sur l’aide médicale urgente. La direction n’est pas surprise. « Nous nous attendions à cette réaction. Bien entendu, nous connaissons la législation. Ce que je répondrais, c’est qu’il ne s’agit ici pas du tout d’un mouvement de grève, ni de grogne, mais d’une nécessité, il y a une rupture. Ce que je souhaite, c’est qu’il y ait une réflexion qui aboutisse à des modifications structurelles pour les hôpitaux », conclut le Docteur Thierry Lemineur.
Lundi, la direction réévaluera la situation de l’hôpital. En attendant, le message est clair : le personnel réclame une revalorisation de la profession, dont une revalorisation salariale, la reconnaissance de la pénibilité du travail et la révision des normes d’encadrement.
O.G.