Inondations, un an après: quelles solutions ? Les conseils urbanistiques de l'ULiège
Quelles sont les solutions pour éviter de nouvelles inondations comme nous en avons connu les 14, 15 et 16 juillet 2021 ? La Région wallonne a demandé à l’Université de Liège d’apporter des clés de réponses. Au-delà de la gestion du barrage d’Eupen, la question de l’aménagement du territoire ressort.
Experts en divers domaines : urbanistes, climatologues ou encore hydrologues se sont penchés sur les causes des inondations afin de trouver des pistes de solutions. On vous emmène dans la vallée de la Vesdre avec un urbaniste qui fait partie de cette équipe pluridisciplinaire de l’Université de Liège, Joël Privot, afin de comprendre ce qu’il s’est passé il y a un an maintenant.
Agrandir le lit de la Vesdre
À Chaudfontaine, l'avenir d'une rangée de maisons située Avenue des Thermes est dorénavant scellés. Une trentaine d’habitations, 27 précisément, vont être détruites le long de la Vesdre. Un an après les inondations de juillet 2021, la décision vient d’être prise par les autorités communales.
Joël Privot, de la "team Vesdre" de l'ULiège : “Quand on regarde tout cet élément-ci, on voit effectivement qu’on a le mur de quai qui est très proche donc si on peut avoir la possibilité de repousser cette limite, automatiquement, comme on donne plus de place à l’eau, le niveau va baisser et on va protéger toutes les maisons qui sont derrière. En-tout-cas, réduire les dégâts autant que faire ce peu".
Des quartiers sinistrés dépeuplés
L'aménagement du territoire serait donc à revoir pour éviter que l’histoire ne se reproduise. À Trooz, à l’aval de Chaudfontaine, le quartier de La Brouck a été complètement ravagé par la Vesdre en crue et reste fortement inhabité.
José Ruiz, un habitant du quartier sinistré de La Brouck : “Cela fait un an que je n’habite plus chez moi. Malheureusement, c'est la 3e fois que je vais devoir déménager. On est à chaque fois relogés. C'est assez lourd pour la famille. Ici, il y a un peu près 220 maisons. Il y a beaucoup de gens qui ont été impacté. Ils y en a qui reviennent. Ils y en a qui sont relogés. Ils sont relogés, mais pas souvent avec un luxe total. C'est toujours précaire”.
Diminuer la perméabilité des sols
“C’est intéressant de voir, quand on fait les analyses historiques, ajoute Joël Privot, de revoir que la Vesdre n’était pas juste un cours d’eau canalisé comme on le voit là derrière, entre des murs assez abruptes. Mais que du contraire, la Vesdre était assez large. Elle s’étalait dans le lit mineur en multiples bras avec toute une série d’iles différentes qu’on avait. Tout cela a évolué au cours des 2 derniers siècles pour justement permettre aux entreprises de s’agrandir ou à l’urbanisation de s’agrandir".
La bétonisation et donc la perméabilité des sols font partie des raisons de ces terribles inondations. Augmenter les zones submersibles permettrait donc de diminuer le risque de catastrophes à l’avenir. C’est pourquoi, entre Trooz et Chaudfontaine, une zone constructible vient de disparaitre.
Protéger les espaces verts submersibles
Joël Privot, architecte urbaniste : “Une zone qui est constructible au plan de secteur, c’est qu'on pourrait mettre toute une série de maisons, de logemenst et d’autres batiments. L'idée est de conserver cette zone en tant que prairie, mais qui puisse être submersible. On a la Vesdre coincée par la voie de chemin de fer et, de ce coté, coincée par le versant. La Vesdre va après prendre de la vitesse et venir ici percuter l’habitat à Chaudfontaine. Ça va permettre d'avoir un airbag qui va amortir le choc en permettant à l’eau de s’étaler".
Les solutions devront être multiples pour éviter une seconde catastrophe de cette ampleur. En plus de zones submersibles, les experts de l’université de Liège recommandent plus de bassins d’orages, plus de haies, moins de béton, le retour des tourbières ainsi que la restauration des rivières.
Un an après ces inondations vient le temps de la reconstruction pour éviter des vallées dépeuplées.
Mallaury Lehnertz