Un centre de don divise à Angleur
À la suite des inondations, de nombreuses initiatives ont été prises pour aider les sinistrés : qu’il s’agisse d’initiatives publiques, privées ou organisées par des particuliers. Mais, ce n’est pas toujours facile de savoir à qui on a à faire. Dans un quartier d’Angleur, c’est un centre de don qui divise.
Habitants du quartier d’Angleur et bénévoles du centre de don s’opposent. Dans la rue Saint-Jacques, totalement sinistrée, le centre Ohana a vu le jour au début du mois d’octobre. Mais, dans la rue, il ne fait pas l’unanimité. « Beaucoup de riverains ont reçu des denrées périmées, il y a des photos pour prouver qu’on ne raconte pas des bêtises, il y a du pain jeté en très grosse quantité dans des conteneurs que la Ville de Liège nous met gentiment à disposition pour évacuer nos gravats, ils urinent sur des portes de garages, sur les portes d’entrée, sur les murs etc. Mais, sinistrés ne veut pas dire abandonné : des gens vivent ici, pour de vrai ! La rue est à sens unique, mais c’est une catastrophe sans nom depuis que le centre Ohana est là. Les gens disent qu’ils ne voient pas le panneau, mais il est parfaitement visible, il est grand et il est là », explique Audrey Sisterman, une riveraine de la rue Saint-Jacques à Angleur. Les bénévoles du centre Ohana affirment n'avoir jamais jeté de pain dans ce conteneurs ni pris la rue en sens unique.
Il s'agit là de beaucoup de petites querelles qui ressemblent surtout à des soucis de voisinage entre les uns et les autres. « Je trouve un peu dommage que certaines personnes profitent du désarroi des gens pour polémiquer. Je pense qu’on a plus besoin de solidarité et d’entraide que de polémique », confie Théo Jobé, porte-parole et bénévole du centre de don Ohana.
Mais ce qui interpelle n’est pas là. C’est la présence de tirelires au sein du centre de don qui pose questions. « En fait, c’est un colis contre un petit peu d’argent. On ne comprenait pas très bien le principe… On a donc commencé à se poser des questions et, au fur et à mesure que le temps passe, les voisins viennent nous rapporter qu’ils doivent payer pour avoir du pain, des sandwichs, de la soupe,… Ils ne remplissent pas du tout leur rôle de centre de don en réalité. Je crois que c’est le seul centre de don de la région qui fait payer les denrées… », ajoute Audrey. Deux autres riveraines de la rue nous le confirment dont Florence Herquin. « J’ai été moi-même chercher tout au début. On m’a aussi demandé de l’argent pour une fondue qui était puante, la caisse dégoulinait de graisse. La dame m’a dit par téléphone : « n’oubliez pas de préparer une petite pièce », donc j’ai préparé 2,50€ et je me suis dit que cela n’était pas grave. Mais, oui, je peux attester que j’ai donné de l’argent », témoigne-t-elle.
A notre arrivée, ces fameuses tirelires qui font polémique étaient bien cachées, mais les membres d’Ohana veulent rassurer et s’expliquer. « Ici, la tirelire nous permettrait d’avoir des dons pour fonder notre ASBL, continuer à grandir, ainsi que pour diverses courses qui permettraient d’aider les sinistrés, les précarisés et les sans-abris. Je tiens à rassurer tout le monde, tous les dons qui seront mis ici, toutes les courses seront faites avec facture à l’appui. Cela partira à 100% pour aider les gens », indique Théo Jobé du centre Ohana. Le centre Ohana affirme qu'à l'ouverture de la tirelire, actuellement, il y aurait la somme de 110 euros et que, pour créer leur ASBL, les bénévoles auraient besoin d'environ 289 euros.
Une pétition a vu le jour dans le quartier pour faire fermer le centre. Celui-ci cherche pourtant à déménager, car il veut s’agrandir vu la quantité de dons qu’il reçoit. Ohana vise plus grand et cela passe notamment par la création d’une ASBL. « Ici, nous redemandons encore à certaines personnes qui pourraient venir jusqu’ici nous donner quelques petites pièces, on n’a pas besoin de centaines d’euros, juste de quoi nous permettre de créer cette ASBL et de trouver un hangar plus grand qui nous permettrait d’avancer », conclut le bénévole.
Tant le centre de don que les sinistrés du quartier trouvent la situation bien dommage, car après tout, l’initiative part d’une bonne intention. Un manque de transparence entre sinistrés et bénévoles du centre est clair. Plus de clarté permettrait sûrement d’éviter ces nombreuses polémiques. Rappelons que l’objectif premier de ces initiatives, c’est de venir en aide aux sinistrés.
O.G.