La perte de subsides de la FWB menace la Mosa Ballet School
La Mosa Ballet School est menacée de fermeture à la suite de la suppression brutale de son financement public. Ce lundi, élèves, parents et professeur sont allés à Bruxelles pour manifester leur désarroi.
La Mosa Ballet School est en danger. La semaine passée, la direction de l'établissement a appris, médusée, la perte de son subside. Dans ce cadre, une carte blanche a été rédigée et signée par de nombreux acteurs du secteur. Aujourd'hui, en complément à cette carte blanche, ils étaient plus d'une cinquantaine à s'être rassemblés à la gare des Guillemins pour se rendre à Bruxelles et manifester leur mécontentement.
Louise et Ainhona font partie de ces élèves venus danser pour dénoncer la décision de la FWB : "La danse, c'est ma passion. Je ne vivrai pas sans. J'ai vraiment envie que ça continue, parce que la Mosa, c'est une super école et c'est même plus qu'un bâtiment. C'est vraiment notre maison à tous. On est une famille et c'est ça le plus important." nous confie Louise. Un avis partagé par sa camarade, Ainhoa : "On m’enlève mon lieu de repère, on m'enlève ma famille. Nous sommes à Bruxelles pour montrer notre rêve, notre passion aux gens pour montrer cette école, et qu'on ne veut pas la perdre."
Car si la Mosa venait à fermer, ce sont 300 élèves qui pourraient se retrouver sans formation durant l'été et à la rentrée prochaine. "C'est catastrophique pour nos élèves puisqu'ils terminent leur année en juin, mais les auditions pour entrer dans une autre école se font en janvier, février. Donc ces élèves-là, en plus de nos élèves de la Summer School, ce sont 300 élèves à la rue. Je ne sais pas si c'est ce que veut la ministre de la Culture, Elisabeth Degryse." détaille Benjamine De Cloedt, fondatrice et présidente de la Mosa Ballet School.
Carte Blanche :
Va-t-on perdre Maurice Béjart une deuxième fois ?
Après le départ volontaire de Maurice Béjart, dont la présence en Belgique avait façonné un véritable écosystème artistique mêlant école, compagnie et avant-garde chorégraphique, la danse a perdu une grande part de son effervescence. Son absence a laissé un vide en communauté française, particulièrement dans la formation de ballet classique et contemporain de haut niveau pour les élèves du secondaire, pourtant essentielle à la vitalité et au rayonnement de la scène belge.
En septembre 2022, pour combler cette lacune, une initiative de Partenariat Public-Privé (PPP) a donné naissance à la Mosa Ballet School et au programme Quand on Danse, avec la volonté de contribuer activement au rayonnement de la Belgique en tant que carrefour international du ballet classique et contemporain.
En moins de trois ans, la Mosa Ballet School s’est imposée comme une référence, en redonnant à la Communauté française un pôle d’excellence pour la formation de danseurs professionnels, comparable aux plus grandes institutions mondiales. Loin de se limiter à un centre de formation, la Mosa recrée un vivier exceptionnel de talents et replace la Belgique sur la carte mondiale de la danse. À travers une formation rigoureuse et de haut niveau, l’école génère non seulement des danseurs et artistes d’exception mais, qui sait, de futurs chorégraphes et créateurs qui marqueront les scènes de demain ? Complément essentiel : l’ambitieux programme social et thérapeutique Quand on danse dont on reparlera plus bas.
Aujourd’hui, l’un des partenaires a décidé de jeter l’éponge. Et ce n’est pas le secteur privé qui abandonne le projet. Ce sont les pouvoirs publics. Précisément la Fédération Wallonie Bruxelles. Celle-ci a annoncé, sans sommation, la fin de la convention qui la lie à la Mosa Ballet School. Une convention qui prévoit une dotation annuelle de 1,2 million d’euros. Soit un quart du budget annuel de l’école. Ce passage brutal de 1,2 million à 0 centime menace à très court terme la viabilité de l’école qui, sans revirement, pourrait être contrainte de fermer ses portes en juin prochain.
La musique et le chant bénéficient du soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles, pourquoi le ballet classique et contemporain en serait-il exclu ?
La Mosa Ballet School fait pourtant revivre l’esprit de Maurice Béjart, non pas en le reproduisant, mais en insufflant à la danse belge une nouvelle impulsion, fidèle à son ambition: celle d’un art total, exigeant, vibrant et ouvert sur le monde. Située à Liège, l’école s’affirme progressivement comme une référence mondiale dans le domaine de la danse. Avec 104 jeunes entre 9 et 20 ans, ce projet audacieux, porté par une vision innovante de l’éducation et de la culture, avance chaque jour vers son objectif : figurer parmi les meilleures écoles de ballet au monde.
Les élèves bénéficient également d'une formation académique solide, en combinant leur enseignement en danse avec l’obtention de leur Certificat d’Enseignement Secondaire Supérieur, permettant une intégration professionnelle réussie dans le monde de la danse ou dans d’autres secteurs. Avec des résultats plus que probants : en 2 ans, déjà 16 élèves ont rejoint des compagnies internationales et représentent la Wallonie à l’étranger.
Mais la Mosa dépasse aujourd’hui son rôle de centre de formation. Elle est devenue un véritable acteur économique wallon. Forte de ses 12.000m2 d’espaces en plein cœur de la Cité Ardente entièrement dédiés à la culture (danse et transversalité avec musique, chant, arts plastiques), elle emploie 72 personnes (dont 20 bénévoles) : 17 professeurs de danse du monde entier venus s’installer en Wallonie, tous sont étoiles ou solistes de grands ballets, 6 pianistes, notre personnel encadrant et administratif, plus 40 professeurs internationaux invités en résidence et une douzaine de chorégraphes… Auxquels il convient d’ajouter les emplois créés chez les 28 sous-traitants, soit un total de 150 postes.
Par sa seule existence, notre institution génère annuellement quelques 12 millions d’euros de retombées dans les caisses de la Wallonie par le biais de : l’emploi (salaires bruts, ONSS), le bâtiment (charges, maintenance), les fréquents séjours en Wallonie des parents des élèves étrangers, des professeurs et chorégraphes invités, des participants et intervenants Quand on Danse (hôtels, restaurants, tourisme, activités culturelles, shopping etc), le recours à ces sous traitants (TVA), les achats locaux (alimentation, fournisseurs).
La Mosa, c’est donc aussi un pilier social avec le programme Quand on Danse. Par le biais de 47 partenariats avec des associations autour de la santé en Belgique, en France et en Allemagne (Fondation contre le cancer, Ligue Alzheimer…), la Mosa permet à des populations fragilisées de s’initier à cet art, elle fait danser plus de 4.000 personnes. Ces sessions hebdomadaires contribuent directement au bien-être physique et mental des participants. Grâce à des ateliers adaptés, ce programme favorise l’inclusion des publics fragilisés et/ou éloignés de la culture (seniors, personnes atteintes de maladies neurodégénératives, autisme, trisomie et cancer) en leur offrant une activité qui améliore leur qualité de vie. Il se veut également un levier pour réduire les coûts de la santé publique en encourageant une approche préventive et bénéfique à long terme. Une approche qui a permis d’économiser, depuis le lancement du programme, 9,5 millions d’euros dans le budget de la santé.
Tout cela sera-t-il sacrifié pour 1,2 million d’argent public par an ?
Que la Belgique ne sacrifie pas la Mosa ! Ensemble, continuons à faire de la danse un moteur de transformation, de partage et d’inclusion sociale, au service d’un monde plus équilibré et inspirant.
Il est impératif que les pouvoirs publics soutiennent activement ce projet unique, en garantissant les ressources nécessaires à sa progression. En pleine ascension, la Mosa apporte une richesse culturelle et économique inédite à notre pays, et son impact ne cesse d’augmenter. Ne laissons pas s’éteindre cette chance de faire rayonner la Belgique au niveau international !
#savemosa
Signataires :
Fabienne Aucant, Director Charleroi danse
Jason Beechey, Former Rector Palucca University for Dance Dresden Germany, Head of Dance The Zurich University of the Arts.
Dinna Björn, Former Artistic Director Finnish National Ballet & Norwegian National Ballet, Bournonville Expert.
Annie Brabants, Sister of Jeanne & Jos Brabants. Mother of Ben & Tom Vancauwenbergh.
Ted Brandsen, Director National Ballet Amsterdam
Wim Broeckx , Former First Soloist Het Nationale Ballet Amsterdam, Former Assistant Director Het Nationale Ballet Amsterdam, Former Director Dansvakopleiding Koninklijk Conservatorium Den Haag. Former Artistic Director Prix de Lausanne, International Ballet Competition. International Guest Teacher and Artistic Advisor
Sidi Larbi Cherkaoui, Former Artistic Director Ballet Vlaanderen, Artistic Director Le Ballet Du Grand Théâtre de Genève, Founder and Artistic Director Eastman
Laurent Choukroun, First pianist Paris Opera
Anne Teresa De Keersmaeker, Artistic Director P.A.R.T.S.
Léna De Meerleer, Former CEO of Opéra Ballet Vlaandereen
Kevin Durwael, Artistic Director Koninklijke Balletschool Antwerpen
Julien Favreau, Artistic Director Béjart Ballet Lausanne
Olivier Gourmet, Belgian actor
Cynthia Harvey, Former Principal Dancer ABT, Former Artistic Director ABT JKO - Jacqueline Kennedy Onassis School
Anne Holm-Jensen Peyk, Artistic Director Royal Danish Ballet School Copenhagen.
Takayuki Kashino, Head of Japan Ballet Association, Kansai branch
Bouli Lanners, Belgian actor
Brigitte Lefèvre, Former Director of Dance Paris Opera
David Leventhal, Former Mark Morris Dancer, Program Director & Founding Teacher Dance for PD
Piotr Nardelli, International Guest Teacher & stager Maurice Béjart
Elisabeth Platel, Etoile Ballet Opera Paris, Artistic Director Paris Opera Ballet School
Benoît Poelvoorde, Belgian actor
Serge Rangoni, Director Théâtre de Liège
Antoine Vereecken, Principal Stager Wayne McGregor