GOULAG: visages et rouages d'une répression
Pour la première fois en Belgique, une exposition largement documentée décortique le “Goulag”, ce système concentrationnaire- carcéral extrêmement organisé, mis en place sous Staline en Union soviétique. Par extension, le terme désigne aussi les “camps de travail correctif” par lesquels sont passés des millions de citoyens soviétiques entre 1929 et 1953.
Le Goulag a profondément marqué la société russe et l’histoire : vingt-cinq millions de Soviétiques sont passés par les camps ou les « villages spéciaux de peuplement » durant l’époque stalinienne (1930-1953) ; deux millions sont morts en camp et près de deux millions en déportation. Malgré le poids écrasant de cette réalité, la mémoire du Goulag est quasiment absente du débat public.
L’exposition remonte aux origines du système, qui fomentent dans le contexte de la Première Guerre mondiale. Elle analyse le “laboratoire” que constitua le camp des Solovki où furent mises au point les méthodes qui allaient être appliquées par la suite dans les autres camps du Goulag. Documents inédits, photographies, documents d’arrestation, règlements de travail, dessins réalisés en camp ou encore journaux politiques permettront aux visiteurs de saisir la mécanique inhumaine de ce système.
Prônant la rééducation par le travail, le Goulag devient un acteur majeur de l’industrialisation forcée et sert la colonisation des régions éloignées avec de nombreux déplacés assignés à résidence dans des terres inhospitalières. Dans la première moitié des années 1930, les grands chantiers exploitant la main d’œuvre déportée se multiplient afin d’extraire et de rentabiliser au maximum les matières disponibles dans les régions inhospitalières : construction de canaux, de chemins de fer, de routes, exploitation de filons aurifères, de bois, de charbon, construction d’usines de nickel... L’association de l’épuisement dû au travail forcé et de la malnutrition fait des ravages. Disséminés sur tout le territoire, les camps du Goulag sont érigés au cœur des villes comme dans les plaines glacées de la Sibérie.
Epuisement, froid, faim, violence, vol, racket, délations, humiliations constituent le quotidien des camps du Goulag où cohabitent hommes, femmes, enfants, nourrissons, délinquants et prisonniers politiques.
Comment sont nés les camps du Goulag ? Avec quelles intentions et conséquences ? Inédite, cette exposition revient sur les origines d’un tel contexte de violence, explique la vie dans les camps, relate un pan belge de l’histoire du Goulag, s’appuye sur des témoignages et sur une large documentation iconographique.
L’exposition a été réalisée avec l’appui du Commissaire scientifique Nicolas Werth, historien français, spécialiste de l’Union Soviétique.