Travaux du tram : la détresse des commerçants
Depuis le début des travaux du tram de nombreux commerçants subissent les conséquences de la baisse du nombre de visiteurs à Liège. Pour compenser, la région wallonne a prévu des aides. Au fil de l'avancement des travaux, les autorités constatent qu'elles ne suffisent pas. De nombreux commerçants se retrouvent donc avec des dettes. Ils sont de plus en plus nombreux à déménager ou à mettre la clé sous la porte.
Une vue imprenable... sur le chantier du tram ! C'est la réalité de beaucoup de nombreux commerces liégeois en ce moment. De part et d’autre de la rue Feronstrée, les commerces subissent les conséquences de cette modernisation de la cité ardente. "Rien que le loyer est de plus de 2 000 €. Si on compte les charges avec, on arrive à 3 000 € par mois. La seule indemnité que nous pouvons recevoir en ce moment, ce sont les 6 000 € de la région wallonne, c'est trop peu", s'attriste Aïda qui gère le Café Sarajevo avec sa famille.
Un plafond à 6 000 € pour de longs travaux
Pour recevoir cette aide, cet établissement Horeca a dû prouver à la région wallonne qu’il a été impacté plus de 20 jours par les travaux. À partir de ce moment, le commerce reçoit 100 € par jour d’entrave. Ils sont indemnisés pour un maximum de 60 jours de travaux, soit un plafond de 6 000 € d’indemnité. Une somme dérisoire notamment parce que la majorité des commerces indemnisés subissent les conséquences des travaux plus longtemps. "Nous sommes déjà à plus de 2 mois. De nombreux commerçants ne tiennent pas le coup. Pour y arriver, il faut soit être propriétaire, soit avoir de fameuses économies, ou faire un prêt", souligne Enzo Barrile, de la boulangerie italienne "Maison Barrile".
11 millions d'euros supplémentaires pour indemniser les commerçants
Le bourgmestre de Liège a demandé à la région d’augmenter les indemnisations accordées par la région aux commerçants. La demande a été acceptée, 11 millions d’euros supplémentaires vont donc pouvoir être redistribués aux commerçants. 6 millions d'euros seront accordés par le ministre de l’Économie, Willy Borsus, et 5 millions par le ministre des Pouvoirs locaux, Christophe Collignon.
Les modalités de redistribution doivent être pensées par la Ville. Cela prend du temps pour ne pas redistribuer cette somme arbitrairement et de nombreux commerçants n’en ont pas. "Les 6 000 euros ce n'est pas assez, ce qu'il nous faut, c'est la fin des travaux, le plus vite possible. Les clients reviendront et ça ira mieux", analyse Maria Bresco du restaurant "Il Carpaccio". D’autres sont découragés et ne s’y retrouvent pas dans toutes ces démarches administratives. "On devait envoyer des photos pour prouver que les travaux nous impactaient. La première fois que j'ai essayé le site ne fonctionnait pas. La deuxième, on m'a dit que les travaux n'étaient pas devant chez moi. La troisième, on m'a enfin demandé les coordonnées bancaires, mais je n'ai toujours rien reçu", détaille Jean-Louis Renier, du magasin de photographie "Maison Renier".
Ces travaux ont eu l’avantage de mettre en lumière un manque d’aides auprès des commerçants lors des travaux sur la voie publique. La région wallonne envisage d’augmenter cette aide à 70 jours par année et par établissement en 2023. En attendant, la liste des commerces qui mettent la clé sous la porte dans les rues liégeoises s’allonge. (P.J.)