André Gilles fait profil bas sans convaincre les députés
Le président de Publifin et de Nethys André Gilles faisait profil bas jeudi, devant la commission d'enquête Publifin, présentant plusieurs fois des regrets aux députés, mais il échouait toujours à les convaincre de son absence de responsabilité dans les dysfonctionnements des comités de secteur, où étaient pratiquées de rémunérations importantes sans obligation de prester.
M. Gilles, qui venait d'annoncer sa démission prochaine - fin mars - de la présidence du collège provincial de Liège et de la présidence de Publifin, s'est excusé du faux bond qu'il a dû faire il y a quinze jours à la commission d'enquête pour cause de maladie. Il a souligné qu'il était toujours sous certificat médical ce jeudi, mais qu'il se présentait pour pouvoir défendre son honneur. Tentant de clarifier plusieurs explications qu'il avait déjà fournies devant la commission spéciale, M. Gilles ne semblait toutefois pas en mesure de convaincre les députés. Il a ainsi parlé d'"erreur de vocabulaire" pour justifier la confusion qui persiste selon lui sur le statut des comités de secteur, organes décisionnels aux termes de la réglementation wallonne. Ces organes sont pourtant bien consultatifs, a-t-il insisté, ce qui entraîne que le CA pouvait les créer et les rémunérer. Il se fonde sur un article des statuts de l'intercommunale (article 29), mais le cdH Dimitri Fourny lui en oppose un autre (article 35) qui entraînait une approbation des rémunérations par l'assemblée générale, et donc les communes. Cette confusion "crée un dû à l'égard des communes d'un montant de 2,5 millions d'euros", selon le député. C'est ce genre de confusion légale qui fait dire aux observateurs que le groupe Publifin a développé un système obscur pour permettre de rémunérer grassement des mandataires publics sans contrepartie valable. Les rémunérations pratiquées dans ces comités sont une "œuvre collective" du CA après l'AG du 21 juin 2013, affirme M. Gilles. Mais Gilles Mouyard (MR) se demande de quelle information disposait réellement le CA, alors que le Bureau exécutif sortant semblait être à la manœuvre. Ce bureau s'est selon lui réuni le 18 juin pour créer les nouveaux comités de secteur et les rémunérer, ce qui rendait impossible de convoquer un CA dans les délais légaux. "Il fallait que ça aille vite, et que tous ces nouveaux administrateurs ne comprennent pas trop ce qu'ils faisaient", a-t-il accusé. Jean-Luc Crucke (MR) relève que le CA peut révoquer les membres des comités de secteur et se demande donc comment les administrateurs n'ont pas été mis au courant des dysfonctionnements. André Gilles n'a pu que répondre que, jamais, le CA n'a été averti officiellement des dysfonctionnements, qu'il condamne par ailleurs. Le management était pourtant à la manœuvre des maigres travaux des comités de secteur, dans lesquels siégeaient aussi des administrateurs, ont relevé les députés. Autre élément troublant auquel M. Gilles n'est pas parvenu à répondre: Stéphane Hazée (Ecolo) a relevé que l'information transmise par Publifin à l'administration à la suite de l'éclatement du scandale ne mentionnait pas un élément qui se retrouve pourtant dans les pièces transmises par le groupe à la commission. Cet élément stipule que "la déclinaison des modalités de rémunération seront fixées par le Comité de rémunération de l'intercommunale", ce qui semble contredire les allégations des administrateurs entendus jusqu'ici. M. Gilles, quant à lui, continue de soutenir que tous les administrateurs, les fédérations de parti, les instances communales et provinciales de Publifin, étaient au courant ou devaient l'être, concernant les comités de secteur et leurs rémunérations. Les députés n'ont pas non plus obtenu de réponse à la question de savoir s'il est normal que le CA n'ait prévu que quatre réunions par an minimum pour des organes consultatifs offrant d'importantes rémunérations fixes. "Si c'était à refaire, je ne préconiserais plus cela", a commenté M. Gilles, qui évoque l'évolution dans le temps de l'acceptabilité éthique de pratiques légales. "Je perçois la volonté de la commission que je m'accuse, que j'accuse le CA ou tel ou tel agent. Je ne fuirai pas mes responsabilités, mais je n'accuserai pas non plus d'autres personnes", a répondu M. Gilles, dont l'audition se poursuivait jeudi après-midi.