Parlement wallon : ce sera une commission spéciale
La commission des Affaires générales du parlement wallon, réunie en urgence, a approuvé mercredi majorité contre opposition la création d'une commission spéciale pour faire la clarté sur le scandale Publifin, rejetant le format d'une commission d'enquête réclamée par l'opposition.
La majorité PS-cdH considère que cette commission spéciale dispose des armes suffisantes pour faire la clarté sur le fonctionnement et la stratégie de Publifin et ses filiales, d'autant que le gouvernement s'est engagé à faire le ménage rapidement dans les structures publiques supracommunales, et que tout ce travail reviendra devant le parlement. Elle assure que les personnes devant être entendues le seront - dont le patron de Nethys Stéphane Moreau - et dénonce une volonté de l'opposition de faire traîner les choses via une commission d'enquête afin de mettre en difficulté le gouvernement, alors que la commission spéciale permet d'avancer plus rapidement dans une dynamique positive. L'opposition - Ecolo avait le premier réclamé une commission d'enquête, entraînant le MR, le PTB et Ecolo - juge en revanche que seul ce type de commission, disposant de nombreux pouvoirs d'un juge d'instruction, serait à même de faire la clarté sur la "nébuleuse" Publifin et sur d'autres intercommunales, et que la majorité, en refusant ce format, prouve sa "crainte de la vérité". Ils pointent notamment du doigt la divergence d'attitude du PS et du cdH selon qu'ils sont au pouvoir en Wallonie ou dans l'opposition au Fédéral, où courent actuellement trois commissions d'enquête parlementaires (Kazakhgate, terrorisme et Optima). PS et cdH ont refusé cette comparaison, impropre à leurs yeux. Pour Stéphane Hazée (Ecolo), "notre travail ne peut être soumis à la bonne volonté des personnes à entendre", ce qui ne serait pas le cas dans une commission d'enquête disposant du mandat d'amener. Le témoignage sous serment spécifique à la commission d'enquête constitue aussi une plus-value à ses yeux. "Nous avons affaire à des personnes qui depuis dix ans ont multiplié les ficelles pour échapper au contrôle de la Région", a-t-il lancé. Le chef de groupe Vert dénonce une volonté de minimisation et de confinement. Pierre-Yves Jeholet (MR) a relevé que le PS et le cdH, en "claquant la porte" à la commission d'enquête, revenaient sur la faible ouverture dont ont semblé faire preuve ces derniers jours le ministre-président wallon Paul Magnette ou le président du cdH Benoît Lutgen. Le président du MR Olivier Chastel s'est lui-même fendu d'un communiqué, notamment pour énoncer les missions de la commission d'enquête souhaitée: "au-delà de l'identification des responsabilités, notamment politiques, il s'agit aussi de se pencher sur les dérives en matière de rémunération, l'absence de cadastre précis et détaillé de ces rémunérations, le transfert d'activités à des filiales privées dont la gestion échappe ensuite aux actionnaires publics, la multiplication des métiers opérés par les intercommunales, la clarification des métiers relevant encore aujourd'hui de l'intérêt communal, l'impact sur les dividendes versés aux communes et provinces, la traçabilité entre les excédents générés par les activités monopolistiques de service public, telles que la distribution d'énergie, et l'utilisation qui en est faite, la nécessité de recentrer les moyens financiers dégagés sur les métiers de base de l'intercommunale, la transparence de la comptabilité, l'absence de sanctions en cas de manquements, l'indigence du rapport rendu par l'administration la semaine dernière, etc". Le chef de groupe cdH Dimitri Fourny (cdH) a assuré que l'ensemble de ces questionnements étaient rencontrés dans les objectifs de la commission spéciale proposée par son parti et le PS. Les propositions de résolution reviendront en milieu d'après-midi en plénière du parlement wallon, où elles seront à nouveau soumises au vote. L'objectif de la majorité est de lancer les travaux de la commission dès la semaine prochaine.