Accouchement : un retour plus rapide à la maison ?
Deux hôpitaux liégeois ont participé au projet-pilote "accouchement avec séjour hospitalier écourté". Plus de 80% des mères ayant participé à ce projet pilote et n'ayant dès lors passé que deux jours en maternité sont satisfaites de leur expérience, ressort-il d'un rapport sur le sujet publié sur le site du SPF Santé publique. Les prestataires de soins des maternités s'inquiètent toutefois de l'augmentation de la charge de travail et du stress chez eux en raison de la concentration des journées pour lesquelles l'intensité des soins est plus élevée que cela entraîne.
La durée moyenne des séjours à la maternité plus longue en Belgique que chez nos voisins
Dans le cadre de la réforme du secteur hospitalier initiée par la ministre de la Santé Maggie De Block (Open Vld), un projet-pilote a été mené pour des séjours en maternité écourtés. Celui-ci est entre autres né du constat que la durée moyenne des séjours à la maternité était plus longue en Belgique que dans les pays voisins, où elle ne dépasse parfois pas un jour.
Ces dernières années, le temps passé à l'hôpital après un accouchement a cependant tendance à diminuer.
Il était en moyenne de 3,1 jours fin 2017 (3,8 fin 2013) pour un accouchement par voie basse, contre 4,4 en cas de césarienne (5,4 en 2013). La réduction est sans doute partiellement due à l'attention qui a été accordée au projet dans les hôpitaux mais aussi dans les médias. L'annonce de son existence semble avoir constitué le point de départ pour un très grand nombre de maternités et de prestataires de soins de première ligne en vue de s'impliquer dans les accouchements avec séjour écourté, même si formellement, ils ne l'organisent pas dans le cadre du projet-pilote, relève le SPF Santé publique.
Plus de 80% des mères se disent satisfaites
Plusieurs hôpitaux y ont participé (Liège : CHU de Liège, CHR La Citadelle; Bruxelles: Saint-Luc, Erasme, UZ Brussel; CHR Mons; etc.). Selon les conclusions du rapport, qui fait le bilan des deux premières années du projet-pilote, plus de 80% des mères se disent satisfaites d'y avoir participé. Neuf sur dix déclarent que leur retour était bien organisé et programmé par les différents prestataires de soins concernés au sein et en dehors de l'hôpital et la même proportion déclare, qu'à leur sortie de l'hôpital, elles savaient exactement à qui s'adresser en cas de de questions ou de problèmes à domicile. Plus de 90% se disent satisfaites des informations et des explications reçues concernant les soins pour le bébé et affirment s'être senties en sécurité lorsqu'elles sont revenues à la maison après leur séjour à la maternité.
Les prestataires de soins se montrent un peu moins enthousiastes.
"La réduction de la durée de séjour à l'hôpital entraîne une concentration des journées pour lesquelles l'intensité des soins est la plus élevée", lit-on ainsi dans le rapport. Associé à une diversité plus grande de patientes dans certains hôpitaux, cela entraînera une augmentation de la charge de travail et du stress chez les prestataires de soins, craignent ces derniers. "L'intensité des soins augmente mais également l'information et l'éducation des jeunes parents doivent se faire en un laps de temps plus court, avec le risque que beaucoup d'informations ne peuvent être retenues dans le délai imparti."
Les prestataires de soins préconisent dès lors une meilleure préparation des parents avant la naissance.
Il n'y a aucune indication selon laquelle le séjour écourté aurait une influence négative sur la santé de l'enfant ou de la mère, d'après les conclusions du rapport. Cette pratique devient même de plus en plus courante, indépendamment du projet-pilote. La mère et son enfant ne prolongent plus inutilement leur séjour à l'hôpital et reçoivent les soins adéquats dans leur environnement familier. Il reste toutefois encore quelques points d'améliorations en vue de faciliter la prestation des soins, relève le SPF Santé publique. Il cite le partage de données par voie électronique entre les différents prestataires de soins, la charge de travail des prestataires de soins à l'hôpital et les soins aux femmes enceintes vulnérables.