Les "chiens renifleurs Covid-19" de l'ULiège, pas utilisés en Belgique
Ce mercredi, le dernier entraînement des chiens renifleurs COVID-19 a eu lieu à Neerhespen dans le Brabant flamand. Les chiens se sont avérés très efficaces pour détecter le virus, mais ils ne seront pas utilisés en Belgique.
Nous en avons parlé en mars, 6 chiens issus de la Défense, de la police ou de la protection civile ont été entraînés pour traquer la COVID 19. La méthode de détection de la COVID sur base d'échantillons de sueur humaine a donné des résultats plus que satisfaisants. Pourtant, la Belgique n'utilisera pas ces chiens.
Ils auraient pourtant pu être un atout dans les aéroports, les festivals, ou d'autres types d'événements à forte fréquentation. Avec des capacités olfactives 30 à 50 fois supérieures à celle d’un humain, le chien a tout d’un allié pour combattre la pandémie.
Pas de cadre juridique pour les utiliser
Le 26 mai 2021, le comité de pilotage multidisciplinaire de ce projet a rendu un état des lieux des recherches sur les chiens renifleurs COVID-19 à la "Task Force Testing" belge. Ce groupe de travail fédéral a souligné l’intérêt des résultats performants de cette étude. Cependant, il a été décidé que dans les circonstances actuelles, il n’était pas approprié d’utiliser ces chiens de manière opérationnelle pour différentes raisons:
- 1 belge sur 10 a peur des chiens,
- pas de valeur ajoutée par rapport aux tests rapides,
- les 6 chiens ont d'autres fonctions,
- temps de formation trop important,
- aucun cadre juridique pour l'utilisation de chiens détecteurs médicaux.
Une publication scientifique va tout de même être rédigée par le comité de pilotage multidisciplinaire qui a exécuté les tests. Par ailleurs, celui-ci examinera comment créer un cadre juridique pour l’utilisation et la certification de chiens de détection médicale. Un protocole a déjà été élaboré et des consultations auront bientôt lieu avec BELAC, l’organisme belge d’accréditation.
Des chiens pour détecter l'odeur de l'infiniment petit
"Le chien ne perçoit pas le virus dans la sueur", explique le Professeur Hughes Guyot, collaborateur du projet et membre de la Faculté de médecine vétérinaire à l'ULiège. "Il n'y a pas de virus excrété avec la sueur. Par contre, le chien va percevoir les composantes organiques volatiles. Ce sont de petites molécules qui ont été sécrétées suite à l'infection via le virus (COVID ou autre). Le chien va reconnaître parmi toutes les odeurs qu'il y a dans la sueur cette petite molécule commune à tous les patients positifs."
Plus d'un an de formation pour au final ne pas les utiliser
Début mars 2020, nous apprenions que des chiens étaient formés à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Maisons-Alfort (ENVA) pour détecter le COVID-19, un projet scientifique similaire a été lancé en Belgique afin d’évaluer la capacité des chiens à distinguer des personnes porteuses du virus Sars-Cov2 de celles en bonne santé. Les organismes publics travaillant avec des chiens (Défense, Pompiers, Police Fédérale, Protection Civile) ont alors aidé à réaliser cette étude. L’Université de Gand et l’Université de Liège ont également apporté le soutien scientifique nécessaire à l’élaboration de cet essai.
En novembre 2020, le gouvernement fédéral a même fourni un budget afin que des échantillons de sueur de patients sains et atteints de COVID-19 (confirmés par PCR) puissent être prélevés et stockés.
Des résultats positifs qui s'approchent de 100%
L’étude a rapidement fourni des résultats encourageants. La première phase s’est achevée le 08 mars 2021. Après 10 semaines de formation, les performances des chiens à détecter le Sars-Cov2 sur des prélèvements de sueur ont atteint une spécificité moyenne de 98%, (seulement 2% de faux positifs) et une sensibilité moyenne de 81% (seulement 19% de faux négatifs).
Lorsque le budget initial prévu a été épuisé, les formateurs de la police fédérale et les différents maîtres-chiens ont décidé de poursuivre les entraînements sur une base volontaire, environ une fois par semaine. Cela a permis de constater une amélioration continue des performances des chiens. En effet, ils ont atteint aujourd’hui presque 100% aux résultats.