Les tatoueurs malmenés par la nouvelle réglementation européenne
L’année s’annonce difficile pour les tatoueurs déjà bien impactés par la crise sanitaire. Alors qu’ils peuvent aujourd’hui retravailler, ils se retrouvent en chômage technique forcé. En effet, une nouvelle réglementation européenne interdit presque toutes les substances qu’ils utilisaient jusqu’alors, et les nouveaux produits tardent à arriver.
Depuis ce 4 janvier les tatoueurs ne peuvent plus utiliser 25 pigments et plus de 4000 substances présentes dans les encres et jugées trop toxiques au niveau européen. Pour Steevioux art Tattoo, dont le studio est installé à Jemeppe, c’est la douche froide. L’artiste est en effet spécialisé dans les tatouages en couleurs.
« C’est 80% de mon stock que je dois mettre à la poubelle », explique-t-il.
« Impossible de se fournir en nouvelles substances, elles sont toutes en rupture de stock. Vous imaginez, nous sommes plus de 2000 en Belgique à vouloir s’approvisionne. Qu’est-ce-que cela représente dans toute l’Europe ! On est aujourd’hui obligés de se croiser les bras » .
Le tatoueur se retrouve aujourd’hui en chômage technique, comme l’ensemble de ses confrères belges et européens.
« Etre 100% légal aujourd’hui est impossible », affirme Jean-Pierre Mottin, tatoueur. « Tous les fournisseurs sont en rupture de stock, les nouvelles substances autorisées tardent en effet à arriver sur le marché. Des produits par ailleurs deux fois plus couteux qu’il va falloir apprendre à utiliser ! ».
« En effet, ajoute Steevioux, on était jusque-là habitué à utiliser nos couleurs, on ne connaît rien des nouvelles, ni de leur qualité. On va devoir investir des milliers d’euros à l’aveugle ».
Après la crise sanitaire, le secteur se retrouve une nouvelle fois malmené. Les tatoueurs auraient préféré une transition moins brutale.
« Des associations ont essayé, sans succès jusqu’ici, d’obtenir des délais plus longs pour permettre d’écouler les stocks qui restent dans nos studios et ne pas les jeter, mais on se retrouve encore bien peu écoutés. On a toujours eu du mal à faire reconnaître notre profession, mais là, après le Covid, on se retrouve encore une fois bien pénalisés ».
L’année s’annonce déjà difficile pour les tatoueurs déjà bien impactés par deux années de Covid. Alors qu’ils peuvent travailler, ils se retrouvent à se croiser les
bras ne pouvant se procurer les substances autorisées par la réglementation européenne.
Sophie Driesen